En Tunisie, un concours d'images contre la torture

En Tunisie, un concours d'images contre la torture©Nebras
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 « Nebras », l'Institut tunisien de réhabilitation des survivants de la torture vient de sélectionner quatre équipes de jeunes cinéastes qui produiront des scénarios contre la torture. Le concours en question a été lancé, à la veille de la Journée internationale de soutien des victimes de la torture, le 26 juin dernier.

« Nebras » (lanterne en arabe), cherche, en traitant les traumatismes des rescapés de cette atteinte grave aux droits de l'homme, selon un protocole qui soigne le corps et l'esprit, à illuminer leur chemin.

Inaugurée en décembre 2014, cette organisation non gouvernementale tunisienne, qui prend en charge gratuitement les rescapés de la torture et leurs familles, anciens prisonniers politiques comme victimes de droit commun, réunit des médecins engagés pour les droits de l'homme venus de la société civile. Essentiellement des psychiatres et des psychothérapeutes, mais également des kinésithérapeutes et des médecins généralistes. Le centre est soutenu par le Danish Institute Against Torture ( DIGNITY), une organisation danoise, engagée depuis 1982 dans la lutte contre la torture dans le monde. Le travail de Nebras s’inscrit dans une approche interdisciplinaire de réhabilitation, qui consiste à fournir une réponse globale aux problèmes auxquels font face les survivants de la torture. Ecoute et orientation vers d’autres institutions médicales et juridiques, prise en charge psychologique et accompagnement social. 

Cette action humanitaire de Nebras commence à porter concrètement ses fruits : des centaines d'hommes et de femmes ont déjà été traités par les médecins de l'Institut. D'où l'idée de conforter les thérapies de l'Institut par une action de sensibilisation visant un large public et touchant à l'art de l'image.

Documentaires, fictions, animation et spots

A la veille de la Journée  internationale de soutien aux victimes de la torture, le 26 Juin 2017, Nebras, en partenariat avec Dignity, a lancé, en plein mois de ramadhan, dans un restaurant de la médina, à l'heure de rupture du jeûne, sa première édition d'un concours de court-métrage. Intitulé « Images contre la torture », ce concours est parrainé par le cinéaste Hichem Ben Ammar, auteur du documentaire « La mémoire noire », qui traite de la répression des prisonniers politiques des années 1960 et 1970.

Le concours sollicite la participation d'étudiants en cinéma, de jeunes professionnels et de cinéastes amateurs de moins de 30 ans pour qu'ils développent quatre types de  contenus : films documentaires, films de fiction, films d'animation et spots. Objectif : informer et sensibiliser à la question de la réhabilitation des victimes. Nebras compte produire les projets sélectionnés par un jury de professionnels du cinéma et des droits de l'homme en collaboration avec une société de production, qui fournira le matériel de tournage nécessaire ainsi qu'une équipe technique.

Du matériel audiovisuel pour les lauréats

Les quatre équipes de jeunes, dont certains ont juste 20 ans, ont été sélectionnées le 31 juillet. Elles bénéficieront de quatre ateliers de formation en écriture et réalisation ainsi que d'un  encadrement dans les différentes étapes du projet. Hichem Ben Ammar, qui a participé au choix des lauréats, constate : « les projets sont originaux, frais et empreints d'un esprit frondeur. Il leur manque toutefois un enracinement dans le contexte et l'historique tunisiens. Ainsi que la compréhension de certains enjeux politiques. D'où l'idée de prodiguer aux équipes sélectionnées également une formation en matière de droits de l'homme pour que leurs histoires gagnent en consistance ».

La première édition du projet « Images contre la torture » se clôturera le 5 décembre 2017 par un évènement au cours duquel seront projetés les quatre courts métrages réalisés. Des prix sous forme de matériel audiovisuel seront décernés aux deux meilleures œuvres.

« Nous présenterons par la suite nos films à Copenhague, dans une université qui travaille sur les droits de l'homme », promet le docteur Malek Lakhoua, directeur de l'Institut Nebras.