Afghanistan: les raids aériens tuent de plus en plus de civils

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L'intensification des bombardements aériens conduits par les forces afghanes et américaines tue et blesse de plus en plus de civils en Afghanistan, accuse l'ONU, qui a noté une augmentation de 52% de leurs victimes sur un an.

Sur les neuf premiers mois de 2017, "205 Afghans ont été tués et 261 blessés, dont deux tiers sont des femmes et des enfants, en augmentation de 52% par rapport à la même période 2016" souligne la Mission d'assistance de l'Onu en Afghanistan (Manua) dans son rapport trimestriel publié jeudi à Kaboul.

Le nombre total de victimes civiles comptabilisé entre le 1er janvier et le 30 septembre demeure à un niveau élevé avec 2.640 décès et 5.379 blessés, ces derniers en recul de 9% cependant comparé à 2016.

Sur ce total, la plupart des morts et blessés (35%) sont dus aux affrontements au sol entre forces gouvernementales et insurgés, contre 6% pour les raids aériens.

Mais les femmes et les enfants représentent à eux seuls 68% des victimes des opérations aériennes, causes de nombreuses bavures et qui se sont fortement intensifiées avec l'essor de l'armée de l'air afghane.

Un récent rapport du Centre de Commande des forces aériennes américaines, cité dans la presse à Washington, témoigne également d'une augmentation vertigineuse des sorties américaines, avec 751 frappes sur le seul mois de septembre (et 500 en août), record absolu depuis novembre 2010.

"La Manua attribue 38% des victimes des raids aériens aux bombardements des forces internationales", note-t-elle. Or seuls les Américains, parmi les forces occidentales déployées par l'Otan, conduisent des sorties aériennes.

La Mission de l'Onu qui effectue ce recensement trimestriel des victimes civiles du conflit afghan depuis 2009, attribue cependant plus des deux tiers d'entre elles (64%) aux forces anti-gouvernementales.

Talibans (66% des morts et blessés) et groupe Etat islamique (20%) "continuent de viser intentionnellement les civils à travers diverses formes d'attaques qui s'apparentent à des crimes de guerre", accuse-t-elle dans son rapport.

A l'inverse, et malgré la multiplication des raids aériens, la Manua souligne que les victimes attribuées aux forces pro-gouvernementales - armée, police et différentes milices - sont en recul de 37% sur la période.

Elle reconnait les "efforts" entrepris par ces dernières, en particulier dans le nord-est du pays, mais relève que la stabilité des lignes de front dans le sud, où les talibans contrôlent de nombreux districts, ont contribué à ces progrès.