Ratko Mladic, le "boucher des Balkans", fixé sur son sort le 22 novembre

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Le tribunal pénal international pour l'ex-Yougoslavie (TPIY) rendra le 22 novembre son jugement à l'encontre de l'ancien chef militaire des Serbes de Bosnie Ratko Mladic, accusé de génocide et crimes de guerre pendant le conflit en Bosnie.

L'ancien chef militaire, âgé de 74 ans, autrefois surnommé le "boucher des Balkans", connaîtra le verdict concernant les onze chefs d'accusation dont il fait l'objet, à quelques semaines de la fermeture définitive du TPIY, créé en 1993 pour juger les personnes présumées responsables de crimes de guerre commis dans les Balkans pendant les conflits des années 1990.

Ratko Mladic est pour sa part poursuivi pour génocide, crimes contre l'humanité et crimes de guerre commis lors de la guerre de Bosnie, qui a fait plus de 100.000 morts et 2,2 millions de déplacés entre 1992 et 1995.

"Le prononcé du jugement dans cette affaire aura lieu le mercredi 22 novembre 2017 à 10h00" (09H00 GMT) à La Haye, a annoncé le juge Alphons Orie mercredi dans un document officiel.

- Perpétuité requise -

Au terme de procédures judiciaires entamées en 2012, le procureur avait requis en décembre 2016 la perpétuité à son encontre.

"Ce serait une insulte aux victimes vivantes et décédées, un affront à la justice de le condamner à toute autre peine qu'à la plus sévère: la perpétuité", avait déclaré le procureur Alan Tieger à l'audience à La Haye.

La défense avait quant à elle à nouveau plaidé son acquittement. "Ratko Mladic n'est pas un monstre, il était un soldat se défendant face au monstre qu'était la machine de guerre islamique", avait souligné son avocat Branko Lukic au début de sa plaidoirie.

Il était de "son devoir et son obligation de servir l'armée de son pays pour protéger son peuple dans une guerre préparée et menée contre eux, à la fois au niveau local et international", avait-il argumenté, assurant que son client "cherchait constamment à mettre fin aux hostilités".

L'ex-chef militaire est accusé de génocide pour son rôle dans le massacre de près de 8.000 hommes et garçons musulmans en juillet 1995 à Srebrenica.

Six accusés, dont l'ancien chef politique Radovan Karadzic, ont été reconnus coupables devant le TPIY de ce qui est le pire massacre commis en Europe depuis la Deuxième guerre mondiale.

Ratko Mladic est également poursuivi pour l'enlèvement d'employés des Nations unies et pour son rôle dans le siège de Sarajevo, long de 44 mois, pendant lequel 10.000 civils sont morts.

Inculpé en juillet 1995, il avait été arrêté et transféré au tribunal en mai 2011.

- Une page se tourne -

Le 29 novembre, une semaine après le verdict de Mladic, le TPIY rendra son jugement en appel contre l'ex-dirigeant des Croates de Bosnie Jadranko Prlic, condamné à 25 ans en 2013 pour avoir tué et déporté des populations musulmanes pendant la guerre de Bosnie.

Ces deux jugements seront les derniers rendus par le TPIY qui fermera ses portes le 31 décembre après avoir inculpé 161 personnes pour leurs rôles dans les conflits qui ont déchiré la région.

Le Mécanisme pour les tribunaux pénaux internationaux (MTPI) est désormais la structure chargée d'achever, après la fin de leurs mandats, les travaux des tribunaux internationaux pour le Rwanda (TPIR) et pour l'ex-Yougoslavie.

L'un des plus grands procès en appel devant le Mécanisme sera celui du comparse de Mladic, Radovan Karadzic, qui a fait appel de sa condamnation à quarante ans de détention.

Parmi les affaires traitées par le TPIY, la plus marquante est celle de l'ancien président serbe Slobodan Milosevic, retrouvé mort dans sa cellule en mars 2006 alors que son procès était en cours. Il était le premier chef d'Etat à comparaître devant la justice internationale.

Au total, 83 personnes ont été condamnées par le TPIY, nombre d'entre elles à de longues peines de prison, et 19 acquittées. Parmi les condamnés, une vingtaine sont toujours en prison, 56 ont déjà purgé leur peine et 8 sont décédés après le procès ou durant l'exécution de leur peine.

Sur son site internet, le tribunal dit avoir "radicalement transformé le paysage du droit international humanitaire et permis aux victimes d'être entendues, de témoigner des atrocités et de décrire leurs souffrances".