L'armée philippine a abusé des droits de l'homme à Marawi, selon Amnesty

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Les soldats philippins ont arrêté et torturé des civils tentant de fuir une ville assiégée du sud de l'archipel pendant cinq mois d'affrontements avec des jihadistes ayant prêté allégeance à l'organisation Etat islamique, accuse vendredi Amnesty International.

Pendant les combats pour reprendre la grande ville musulmane de Marawi, plus de 1.100 personnes ont été tuées, dont 900 jihadistes. Les affrontements ont fait 400.000 déplacés et réduit des quartiers entiers en poussière.

Dans un rapport publié un mois après que le président philippin Rodrigo Duterte a proclamé la "libération" de Marawi, l'ONG demande à Manille une enquête sur ce qu'elle qualifie de "graves violations du droit humanitaire international et d'autres violations et abus graves des droits de l'homme".

"Les forces gouvernementales philippines ont violé l'interdiction de torturer et d'infliger d'autres mauvais traitements aux détenus, et auraient commis des pillages", dit Amnesty.

L'ONG explique avoir interviewé huit personnes, dont sept ouvriers du bâtiment chrétiens, qui lui ont raconté qu'ils avaient été soumis à des "passages à tabac de longue durée et à des menaces d'exécution" par les Marines philippins.

AI ajoute avoir parlé avec plusieurs personnes ayant accusé les forces gouvernementales d'avoir pillé des biens appartenant à des civils comme "des téléviseurs, des antiquités et des ordinateurs" alors que les jihadistes volaient des armes, des bijoux et de l'argent.

"Il se peut aussi que les forces gouvernementales aient mené des attaques aériennes et terrestres disproportionnées", dit aussi le rapport, qui ajoute que le bilan des décès civils provoqués par les bombardements aériens et aux mains des jihadistes "est vraisemblablement bien plus élevé que le bilan officiel".

L'armée n'a pas répondu dans l'immédiat aux demandes de commentaire de l'AFP.

Le 23 mai, des centaines de jihadistes avaient pris le contrôle de secteurs entiers de Marawi, utilisant des civils comme boucliers humains, dans ce qui fut analysé comme une tentative pour créer une base de l'EI en Asie du Sud-Est.

Les militaires philippins sont venus à bout des islamistes avec l'aide d'avions de surveillance et de drones américains et australiens, ainsi que d'armes fournies par la Chine et la Russie.

Le mois dernier, le secrétaire américain à la Défense James Mattis avait salué l'armée de l'archipel pour avoir assuré le maintien des droits de l'homme pendant le siège.

Amnesty dénonce cependant "une série de violations graves du droit humanitaire international par toutes les parties" au conflit.

L'ONG cite des témoins qui racontent qu'au moins 25 civils, pour la plupart chrétiens, ont été assassinés par les jihadistes, tués par balles ou égorgés, et pale de crimes de guerre.