Yémen: Trump demande aux Saoudiens de laisser entrer l'aide "immédiatement"

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Donald Trump a appelé mercredi l'Arabie saoudite à ouvrir "immédiatement" l'accès à l'aide internationale au Yémen face à la grave crise humanitaire en cours dans ce pays où le président américain soutient pourtant Ryad face à "l'agression" iranienne.

Dans un court communiqué de la Maison Blanche, le président américain ne va toutefois pas jusqu'à demander à l'Arabie saoudite, grande alliée des Etats-Unis, d'arrêter de bombarder le pays.

"J'ai enjoint des responsables de mon administration à appeler les dirigeants du Royaume d'Arabie saoudite pour demander qu'ils permettent l'accès total de vivres, de carburant, d'eau et de médicaments pour qu'ils parviennent au peuple yéménite qui en a désespéramment besoin", écrit Donald Trump.

"Ceci doit être fait immédiatement pour des raisons humanitaires", ajoute-t-il.

La Maison Blanche avait salué fin novembre de premières mesures prises par la coalition arabe dirigée par les Saoudiens pour faciliter l'arrivée de l'aide, mais le département d'Etat américain a reconnu cette semaine que la "situation humanitaire" restait "désastreuse" au Yémen.

Théâtre de "crimes de guerre" dont a été saisie la Cour pénale internationale fin novembre, le Yémen connaît la "pire crise humanitaire au monde", selon les Nations unies. Dix-sept millions de personnes ont besoin d'aide alimentaire, dont sept millions risquent la famine.

- Escalade des combats -

Et la guerre ayant connu une escalade ces derniers jours, le Comité international de la Croix-Rouge (CICR) a réclamé mercredi des "mesures audacieuses" pour permettre aux civils d'avoir accès à l'aide, jugeant insuffisantes les mesures prises par Ryad pour alléger son blocus portuaire. "Ce ne sont pas quelques bateaux au port de Hodeida et quelques camions venant d'Arabie saoudite qui vont régler le problème", a estimé Robert Mardini, chef régional des opérations au sein du CICR, dans un entretien avec l'AFP.

Le conflit oppose les rebelles houthis, soutenus par l'Iran et qui contrôlent Sanaa, la capitale, au camp du président Abd Rabbo Mansour Hadi, réfugié à Ryad et épaulé depuis 2015 par une coalition militaire commandée par l'Arabie saoudite. Et les Etats-Unis ne font pas mystère de leur position: fin novembre, ils se sont encore dits "déterminés à soutenir l'Arabie saoudite" contre "l'agression et les violations flagrantes du droit international dont se rendent coupables les Gardiens de la révolution", l'armée d'élite iranienne.

Washington a notamment mis en cause le régime iranien après le tir d'un missile en Arabie saoudite début novembre, présumé avoir été fourni aux rebelles yéménites par Téhéran.

Depuis, la situation au Yémen s'est encore dégradée.

Après avoir tué lundi leur ancien allié, l'ex-président Ali Abdallah Saleh qui s'était dit prêt à un rapprochement avec les Saoudiens, les rebelles Houthis se sont assurés le contrôle total de Sanaa où ils mènent des opérations de ratissage contre leurs adversaires. "Sanaa a connu les combats les plus violents depuis le début du conflit en mars 2015", a affirmé le responsable du CICR.

Les violents bombardements sur la capitale ont pris au piège les civils chez eux et touché un entrepôt de médicaments du CICR qui devaient être livrés à trois hôpitaux de la ville, selon lui. "Les hôpitaux de Sanaa qui manquent de carburant pour faire fonctionner les générateurs et de médicaments ont cruellement besoin de notre aide", a plaidé Robert Mardini.

Les agences de l'ONU ont demandé une "trêve" humanitaire pour venir en aide à la population de Sanaa où les récents affrontements au sein du camp rebelle ont fait au moins 230 morts et 400 blessés, dont des civils.