Ethiopie: un ancien collaborateur de Mengistu condamné à la perpétuité aux Pays-Bas

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Un tribunal néerlandais a condamné vendredi à la réclusion à perpétuité, peine rare aux Pays-Bas, un ancien collaborateur de l'ex-dictateur marxiste éthiopien Mengistu Hailé Mariam pour des crimes commis en Ethiopie pendant la "terreur rouge" des années 1970.

Eshetu Alemu, un Ethiopien naturalisé Néerlandais âgé de 63 ans, "est coupable de crimes de guerre et a traité ses concitoyens d'une manière froide et calculatrice, y compris en les privant de leur droit à la vie", a déclaré la juge Mariette Renckens, affirmant que la perpétuité était la "seule mesure appropriée".

Ni l'accusé, ni ses avocats n'étaient présents au moment du prononcé, une absence que la juge Renckens a qualifiée de "déplorable". Les familles des victimes ont applaudi et crié "Enfin, justice est faite, merci".

Selon le ministère public, ce représentant du régime militaro-marxiste du conseil militaire (Derg) de l'époque "fut responsable d'une campagne des plus atroces dirigée contre les forces de l'opposition", comprenant des actes de séquestration, de torture et d'assassinat.

Un total de 321 victimes d'Alemu, dont de nombreux lycéens et étudiants, ont été identifiées. Parmi elles, 75 prisonniers dont l'exécution aurait été ordonnée par le prévenu en août 1978 dans une église de la province de Gojjam (nord-ouest) où il était en poste, selon l'accusation. Les corps avaient ensuite été jetés dans une fosse commune.

"Plusieurs témoins ont rapporté qu'ils avaient été enfermés dans de petites cellules surpeuplées, sans presque aucune lumière ni sanitaire, une nourriture et de l'eau en quantité insuffisante, sans soins médicaux", avait rapporté l'accusation.

Des témoins avaient par ailleurs révélé devant le tribunal que des personnes avaient été enterrées vivantes, ce que le suspect savait, selon eux.

Mengistu a dirigé l'Ethiopie d'une main de fer de 1977 à 1991 après avoir participé à la chute de l'empereur Hailé Sélassié. Le "dictateur rouge" avait été renversé par une coalition des fronts rebelles tigréen et érythréen. Il est depuis réfugié au Zimbabwe.

En détention provisoire aux Pays-Bas depuis plus de deux ans, l'accusé s'était excusé pendant son procès le mois dernier "pour toutes les victimes" du régime de la "terreur rouge" tout en niant avoir participé aux crimes commis à cette époque.