La présidente croate rend hommage à des victimes de guerre bosniaques

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La présidente croate a rendu hommage jeudi aux victimes bosniaques d'un massacre commis par des forces croates en 1993.

En visite officielle en Bosnie, Kolinda Grabar-Kitarovic s'est rendue à Ahmici (centre), un village où 116 civils bosniaques musulmans ont été tués en avril 1993 par les forces croates de Bosnie.

Ce geste n'avait pas été annoncé et la cheffe d'Etat s'est rendue à Ahmici sans présence de journalistes.

Il intervient près de deux mois après la condamnation par la justice internationale de six anciens chefs des Croates de Bosnie pour des crimes commis pendant la guerre. L'un d'eux, Slobodan Praljak s'était suicidé en avalant du poison à l'audience.

Dans son ultime verdict, le Tribunal pénal international pour l'ex-Yougoslavie (TPIY) avait ajouté que l'ancien président croate et père de l'indépendance Franjo Tudjman avait été complice de leur entreprise criminelle.

Si Zagreb conteste cette interprétation, Kolinda Grabar-Kitarovic avait appelé ses administrés à "avoir la force de reconnaître que certains compatriotes en Bosnie avaient commis des crimes et devaient en être tenus responsables".

Sur des images fournies par la présidence croate, on la voit déposer une gerbe de fleurs devant un monument d'hommage aux victimes d'Ahmici, et poser en compagnie d'un imam.

"Je préfère visiter ces lieux de piété dans le silence pour, simplement, m'incliner devant les victimes et réfléchir au passé, mais surtout avec l'idée que ce passé ne se répète plus jamais", a ensuite déclaré à la presse la présidente croate.

L'imam local, Mahir Husic, a salué "un message très important qui prône la paix et la coexistence".

Kolinda Grabar Kitarovic s'est également rendue dans un village voisin, Krizancevo Selo, où quelque 90 civils et militaires croates furent abattus par les forces bosniaques en décembre 1993.

"Nous devons tout faire pour que plus aucune mère ne pleure son enfant ou son mari perdu dans la guerre, dans ces terres", a-t-elle écrit sur son compte Twitter.

Son prédécesseur, Ivo Josipovic, s'était également recueilli, en 2010, dans ces deux villages.

Ces gestes de dirigeants politiques sont rares dans l'ex-Yougoslavie, fédération de peuples qui a explosé dans les années 1990 dans une série de conflits sanglants.

Quelque 130.000 personnes y ont été tuées, dont 100.000 lors de la guerre de Bosnie (1992-95). Dans cette guerre, Croates et Bosniaques ont été alliés contre les forces serbes, mais se sont affrontés en 1993 et 1994.