Après la Présidentielle au Congo, des ONG proposent un "dialogue"

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Un collectif d'ONG congolaises a exigé jeudi la fin des violences et l'instauration d'un dialogue afin de sortir de la "crise post-électorale" née selon lui de la victoire contestée de Denis Sassou Nguesso à la présidentielle du 20 mars.
"Dans le souci de défendre la vérité, la paix véritable, et la dignité de tous les Congolais", la coalition Tournons la Page (TLP) – Congo "exige" dans un communiqué "l’arrêt immédiat des opérations militaires en cours dans le département du Pool" (sud du Congo).

TLP, qui fédère une dizaine de mouvements d’Églises et d'ONG laïques engagés "pour l'alternance démocratique", exige aussi "le retour des soldats déployés sur le territoire dans leurs casernes" et "l’ouverture d’un dialogue franc et sincère entre les acteurs politiques pour solder le contentieux hors du diktat des armes".
M. Sassou Nguesso, qui cumule plus de 32 ans de pouvoir au Congo, a obtenu en décembre la possibilité de se représenter après un changement de constitution validé par un référendum contesté et qualifié de "coup d’État" par ses détracteurs. Il a ensuite fait avancer au 20 mars la présidentielle qui devait avoir lieu en juillet.
Le 4 avril au soir, la Cour constitutionnelle a validé les résultats officiels donnant le chef de l’État sortant vainqueur dès le premier tour avec plus de 60% des voix, ce que cinq candidats d'opposition, unis par un pacte anti-Sassou, ont qualifié de "forfaiture".
Le même jour, les quartiers sud de Brazzaville, acquis à l'opposition, avaient pendant des heures connu des fusillades. Pendant que l'armée se déployait, des milliers d'habitants fuyaient les lieux.
Le gouvernement a accusé un ancien rebelle originaire du Pool, le pasteur Ntumi (Frédéric Bintsamou de son vrai nom), d'avoir commandité une attaque "terroriste" contre plusieurs bâtiments publics. Réfutant cette version, certains opposants accusent le pouvoir d'avoir commis un "montage" pour étouffer toute velléité de contestation des résultats officiels.
Depuis lors, plusieurs sources d'opposition font état de "bombardements" aériens récurrents dans le Pool contre des populations civiles, ce qu'a démenti mercredi le colonel Jules Monkala Tchoumou, porte-parole de la police congolaise.
Confirmant l'utilisation d'hélicoptères par les forces de l'ordre dans le Pool, l'officier a assuré à l'AFP qu'il n'y avait pas de bombardements, mais des combats de temps en temps avec les "terroristes" que "nous sommes en train de poursuivre [...] jusque dans leurs derniers retranchements".
"L'opération se poursuit", a ajouté le colonel Tchoumou, refusant de donner un bilan des arrestations et affirmant qu'il n'y avait eu "aucune victime humaine" dans le Pool.
A Genève, le haut-commissaire des Nations Unies aux droits de l’homme, Zeid Raad Al-Hussein, a dit disposer d'éléments d'informations "difficiles à vérifier" mais "très alarmants [...] sur une opération de sécurité" dans le Pool.
M. Al-Hussein a notamment parlé "d’arrestations massives et de cas de torture en détention, ainsi que du meurtre et du déplacement de personnes originaires du Pool".
Jugeant que les conditions d'un scrutin loyal n'étaient pas réunies, les cinq candidats du pacte anti-Sassou avaient créé avant le vote une commission électorale parallèle pour publier ce qu'ils estiment être les vrais résultats.
Ils en ont été empêché par la coupure de toutes les télécommunications sur l'ensemble du territoire imposée par les autorités pendant plus de quatre jours, en commençant par celui du vote.
"Nous sommes un pays ou la coupure des télécommunication, les chars, les bombes lacrymogènes et les bombes font partie du système électoral", a déclaré mercredi à l'AFP Claudine Munari, l'une des signataires de la Charte, qui a appelé à manifester vendredi à Brazzaville pour défendre "la liberté et la démocratie".