A l'ONU, des missions de paix marquées au fer rouge

2 min 31Temps de lecture approximatif

Dans l'Histoire des opérations de paix de l'ONU, plusieurs missions restent marquées au fer rouge. En 1995 en Bosnie, les Casques bleus ont échoué à prévenir le massacre de Srebrenica, un an après un échec retentissant à empêcher un génocide au Rwanda.

Plus de deux décennies après, les 110.000 Casques bleus déployés dans une quinzaine d'opérations sur décisions du Conseil de sécurité de l'ONU sont aujourd'hui dotés de mandats plus robustes pour protéger les civils. Mais ils sont encore souvent mis à l'épreuve ou accusés de comportements coupables, en Afrique, Europe, Amérique latine ou au Moyen-Orient.

SOMALIE: en 1992-1993, plusieurs missions de l'ONU ont connu des fortunes diverses. En 1995, après plusieurs échecs, les derniers Casques bleus quittent le pays.

BOSNIE: L'enclave de Srebrenica, limitrophe de la Serbie, sous protection de l'ONU, est prise le 11 juillet 1995 par les Serbes de Bosnie. Retranchés dans leur base, les Casques bleus néerlandais recueillent des milliers de réfugiés. Submergés, ils ferment les portes puis permettent aux Serbes de Bosnie de séparer femmes et hommes. Près de 8.000 hommes et adolescents musulmans ont été tués par les forces serbes après la conquête de cette enclave de l'est de la Bosnie.

RWANDA: Quelque 2.300 Casques bleus d'une mission d'interposition, déployés à l'automne 1993, sont retirés du Rwanda en avril 1994 après l'assassinat de dix d'entre eux, des Belges. Un génocide a pourtant débuté et fait jusqu'en juillet 1994 environ 800.000 morts parmi la minorité tutsie et chez les Hutus modérés.

HAITI: La mission de l'ONU déployée entre 2004 et 2017 n'a jamais vraiment su gagner la confiance des Haïtiens. Des crimes sexuels et une épidémie de choléra introduite dans le pays par des Casques bleus népalais après octobre 2010, causant la mort de plus de 10.000 Haïtiens, ont jeté l'opprobre sur l'action des Casques bleus.

KOSOVO: En 2016, un rapport conclut à l'échec de l'ONU à protéger quelque 600 réfugiés dans six camps gérés par les Nations unies après la guerre de 1999. Etablis à proximité d'un complexe sidérurgique, ces camps étaient contaminés, dans l'air et au sol, par du plomb et des produits toxiques. L'ONU a créé en 2017 un fonds financier sans prévoir d'indemnité individuelle.

CENTRAFRIQUE: Déployée depuis 2013, l'opération de l'ONU est loin de garantir la paix dans un pays où les violences entre groupes armés se sont intensifiées en 2017. La réputation des Casques bleus a été sévèrement mise à mal par une série d'accusations d'abus sexuels.

REPUBLIQUE DEMOCRATIQUE DU CONGO: La plus importante et coûteuse mission de Casques bleus dans le monde, avec quelque 21.000 personnels dont 16.000 militaires. Certains représentants de la société civile trouvent qu'ils ne sont pas assez actifs contre les groupes armés qui ont pu agir en toute impunité dans le Kasai.

SOUDAN DU SUD: En juillet 2016, des Casques bleus abandonnent leurs postes lors de violences. Des humanitaires appellent la mission de l'ONU à l'aide mais personne ne répond. Le commandant kényan de la force est démis de ses fonctions après un rapport concluant à l'absence de protection des civils.

MALI: La mission la plus meurtrière de l'ONU en 2017. 149 Casques bleus sont morts depuis 2013. Soutenus par une force militaire française anti-jihadistes ayant vocation à intervenir dans plusieurs pays, ils peinent à garantir la paix et sont vus comme une force d'occupation étrangère.

LIBAN ET GOLAN: Dans le sud du Liban, les Casques bleus sont accusés depuis cet été par les Etats-Unis et Israël de passivité face à l'influence de la milice chiite Hezbollah. En août 2014, plusieurs dizaines de Casques bleus d'une autre mission de paix déployée dans le Golan, originaires des Fidji, avaient été enlevés par des combattants jihadistes du Front Al-Nosra allié à Al-Qaïda avant de retrouver la liberté après deux semaines de négociations.