Génocide au Rwanda: nouveau report du procès en France d'un chauffeur de miliciens

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Le procès en France, prévu en février, d'un ancien chauffeur d'hôtel franco-rwandais accusé de "complicité" de génocide pour avoir transporté des miliciens a été reporté sine die en raison des difficultés des témoins à venir avec la crise sanitaire, a appris l'AFP mardi de sources concordantes.

Le procès de Claude Muhayimana, le troisième en France pour des crimes liés au génocide des Tutsi en 1994, devait initialement avoir lieu à l'automne mais avait été repoussé une première fois du 2 au 26 février à cause de la pandémie de Covid-19.

Le durcissement lundi des conditions d'entrée en France depuis le Rwanda - test PCR négatif et isolement de sept jours - a contraint le président de la cour d'assises d'ordonner un nouveau renvoi à une date non encore fixée, selon une source judiciaire et des parties à la procédure.

"C'est une sage décision", a réagi l'avocat de l'accusé, Me Philippe Meilhac, puisque "le procès repose essentiellement sur des témoignages et il n'est pas concevable que les témoins ne déposent qu'en visioconférence".

Selon lui, plus d'une vingtaine de témoins devaient venir du Rwanda.

"Décidément, le temps joue en faveur des bourreaux et ce report crée une immense déception chez les parties civiles et les familles de victimes", a regretté Alain Gauthier, président du Collectif des parties civiles pour le Rwanda (CPCR) dans un communiqué. "Le CPCR ne peut que prendre acte de cette décision et émettre le souhait que le procès puisse se dérouler au plus vite."

Claude Muhayimana, un ancien chauffeur du Guest House de Kibuye, au bord du lac Kivu (ouest), doit être jugé pour "complicité" de génocide et de crimes contre l'humanité "par aide et assistance".

Il est accusé de complicité dans l'attaque en avril 1994 d'une école locale et dans les massacres de Tutsi réfugiés dans les collines avoisinantes de Karongi, Gitwa et Bisesero d'avril à juin. Il est accusé d'avoir transporté des Interahamwe, miliciens extrémistes hutu et bras armés du génocide, sur les lieux de massacres.

Réfugié en France, dont il a obtenu la nationalité en 2010, Claude Muhayimana avait été arrêté en 2014 à Rouen (ouest), un an après l'ouverture de cette enquête initiée par une plainte du CPCR.

Les juges d'instruction avaient décidé en novembre 2017 de le renvoyer aux assises, décision confirmée en appel en avril 2019.

Deux procès liés à ce génocide ont déjà débouché en France sur trois condamnations définitives. Trois autres investigations distinctes, visant l'ex-préfet Laurent Bucyibaruta et les médecins Sosthène Munyemana et Eugène Rwamucyo, se sont aussi conclues par un renvoi aux assises, mais les recours des trois hommes sont en cours d'examen.