Un général bosnien condamné à 10 ans de prison pour des crimes de jihadistes

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Un ancien général des forces musulmanes de Bosnie a été condamné vendredi à dix ans de prison pour des crimes de guerre commis par des jihadistes étrangers pendant le conflit des années 1990.

Sakib Mahmuljin, 68 ans, a été reconnu coupable par un tribunal de Sarajevo de la mort de plus de 50 prisonniers de guerre serbes dans la région de Vozuca et Zavidovici, dans le nord-est du pays, en tant que responsable hiérarchique.

Les crimes ont été commis par l'unité El Moudjahid qui était constituée de centaines de jihadistes, essentiellement étrangers, venus de pays africains, du Proche-Orient, voire de certains pays occidentaux. L'unité comprenait aussi des musulmans bosniens et faisait partie du 3e corps de l'armée bosnienne commandé par Sakib Mahmuljin.

L'accusé a "échoué (...) à empêcher que des crimes de meurtres et de traitements inhumains soient commis" et aussi à "faire en sorte que les auteurs de ces crimes soient punis", a dit dans un communiqué le tribunal.

Il a également été reconnu coupable, en sa qualité de commandant, de tortures sur plusieurs civils, blessés et prisonniers de guerre.

C'est l'une des rares condamnations d'anciens hauts responsables militaires des forces bosniaques (musulmanes) pour des crimes commis pendant le conflit intercommunautaire (1992-95).

Les faits se sont déroulés selon le parquet entre juillet et octobre 1995, dans la foulée de deux offensives des forces bosniaques, notamment après l'arrestation le 11 septembre 1995 de 63 soldats des forces serbes bosniennes et de trois civils.

L'identité des jihadistes n'a pas été communiquée.

La défense de l'accusé avait plaidé qu'il "n'avait pas de contrôle effectif sur l'unité". Le verdict est susceptible d'appel.

L'unité El Moudjahid avait acquis une sinistre réputation en raison des exactions commises contre des prisonniers de guerre serbes ou croates de Bosnie.

La guerre de Bosnie a fait environ 100.000 morts et plus de deux millions de réfugiés et de déplacés, soit la moitié de la population bosnienne à l'époque.

La plupart de ces combattants islamistes ont quitté le pays après la guerre, sous la pression des Etats-Unis, qui avaient accueilli fin 1995 les négociations sur l'accord de paix de Dayton. Certains sont restés après avoir obtenu la nationalité bosnienne, notamment en épousant des femmes locales.