Assassinat d'un correspondant de l'AFP en Gambie: son fils exprime un espoir de justice

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Le fils d'un correspondant gambien de l'AFP assassiné en Gambie il y a 16 ans a exprimé l'espoir mercredi que l'arrestation en Allemagne d'un compatriote soupçonné d'être impliqué dans la mort de son père permette la tenue d'un procès auquel il ne croit pas dans son pays.

Baba Hydara, qui se bat depuis longtemps pour l'arrestation des meurtriers de son père Deyda, a salué la nouvelle de l'arrestation, mardi dans le Nord-Ouest de l'Allemagne, d'un homme soupçonné de crimes contre l'humanité en Gambie entre fin 2003 et fin 2006, dont l'assassinat de son père.

"Je n'ai pas été étonné d'apprendre l'arrestation de Bai Lowe, puisque je savais que les juges allemands travaillaient sur le dossier", a-t-il déclaré à l'actuel correspondant de l'AFP à Banjul.

Il s'est dit "soulagé": "Je sais que les autorités allemandes mettront à jour la vérité".

"Je veux que tous les meutriers de mon père et tous les +junglers+ soient poursuivis à l'étranger parce que je ne fais pas confiance au système judiciaire de mon pays", a-t-il poursuivi en référence aux membres d'un escadron de la mort personnel de l'ex-président Yahya Jammeh, dont est présumé avoir fait partie l'homme arrêté en Allemagne.

"J'espère que tous ceux qui ont commis des crimes contre l'humanité en Gambie seront un jour traduits devant un tribunal pour ce qu'ils ont fait. J'y crois dans le cas présent", a dit Baba Hydara en faisant référence à l'affaire allemande.

L'arrestation de l'homme identifié par la presse allemande comme Bai Lowe offre une perspective supplémentaire de jugement aux victimes des crimes commis sous Yahya Jammeh, contraint à l'exil en janvier 2017 après 22 années d'un régime de féroce répression.

Une commission vérité et réconciliation instaurée après son départ a pour mission d'enquêter sur les violations des droits humains entre 1994 et 2016, de favoriser la recherche de la justice et des réparations pour les victimes et d'oeuvrer à la réconciliation.

Baba Hydara a rappelé que certains de ces "junglers" avaient reconnu en 2019 devant cette commission avoir assassiné Deyda Hydara. Ils avaient cependant été libérés ensuite sur décision du ministre de la Justice qui avait invoqué la volonté d'encourager d'autres auteurs présumés de violations des droits humains à venir témoigner.

"Ils se promènent librement dans la rue", a dit Baba Hydara. "Je crois que nous avons là (avec la procédure allemande) un moyen d'obtenir justice".

Le rapport de la commission est attendue en juillet: elle pourra recommander des poursuites mais pas prononcer de condamnations et ce sera au gouvernement de décider de la suite à donner à ses recommandations.

L'incertitude et les résistances demeurent dans ce petit pays anglophone d'Afrique de l'Ouest quant à la tenue d'un procès. Yahya Jammeh y compte encore de nombreux partisans et l'approche d'élections fin 2021 pourrait peser sur la décision.