25.02.15 - CPI/CENTRAFRIQUE - DOMINIC ONGWEN : LES VICTIMES CENTRAFRICAINES DEMANDENT JUSTICE

Bangui, 25 février 2015 (FH) - L'Armée de résistance du Seigneur (LRA), un ancien mouvement rebelle ougandais dont l'un des commandants se trouve entre les mains de la Cour pénale internationale (CPI) depuis le mois dernier, a signé des crimes d'une extrême gravité non seulement dans son pays d’origine mais aussi en Centrafrique.

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Dominic Ongwen, qui était présenté comme l'un des plus hauts responsables de la LRA, a fait sa comparution initiale, le 26 janvier, devant une juge de la CPI. L'audience de confirmation des charges a été fixée au 24 août prochain.Mais le dossier établi par le procureur ne concerne pour le moment que des crimes commis en Ouganda, en 2004.Dans un communiqué publié le 18 février, l'Association des victimes de la LRA en Centrafrique, une ONG locale bien connue à Bangui, demande ainsi que l'affaire Ongwen s'étende aux exactions perpétrées sur le territoire centrafricain entre 2008 et 2014.« Les rebelles de la LRA, avec à leur tête Joseph Kony et Dominic Ongwen, sont arrivés en 2008 à Obo (est de la Centrafrique) et ont commis beaucoup d'exactions jusqu'à ce jour. Nous sommes surpris d'apprendre qu'Ongwen est poursuivi seulement pour des crimes commis entre 2002 et 2005 en Ouganda », écrit l'association centrafricaine. A défaut de poursuites devant la justice internationale, l'association demande aux tribunaux centrafricains de se saisir du dossier et d'émettre un mandat d'arrêt à l'encontre du chef rebelle ougandais.Créée aux alentours de 1987, la LRA opérait alors dans le nord de l'Ouganda, où elle a multiplié les exactions - enlèvements d'enfants transformés en soldats et en esclaves, mutilations et massacres de civils. Elle en a été chassée au milieu des années 2000 par l'armée ougandaise, avant de se fondre dans les forêts équatoriales des pays alentour, dont la Centrafrique.Selon l'ONU, la LRA a, depuis sa création, tué plus de 100.000 personnes en Afrique centrale et enlevé plus de 60.000 enfants.C'est en décembre 2003 que le gouvernement du président Yoweri Museveni a déféré la situation de l'Armée de résistance du seigneur à la CPI. En juillet 2004, le procureur de la CPI a annoncé que la Cour ouvrait une enquête sur la situation dans le nord de l'Ouganda. En juillet 2005, la CPI a émis des mandats d'arrêt sous scellés pour crimes de guerre et crimes contre l'humanité à l'encontre des cinq principaux dirigeants de la LRA à l'époque : Joseph Kony, Vincent Otti, Okot Odhiambo, Raska Lukwiya et Dominic Ongwen. Les scellés de ces mandats ont été levés en octobre 2005. Lukwiya a été tué en 2006 et Otti à la fin de 2007. Odhiambo aurait trouvé la mort lors de récents combats avec l'armée ougandaise en Centrafrique, selon Kampala.Le procureur de la CPI entend poursuivre Ongwen pour trois chefs de crimes contre l'humanité (meurtre, réduction en esclavage et actes inhumains causant de grandes souffrances ou des atteintes graves à l'intégrité physique) et quatre chefs de crimes de guerre (meurtre, traitements cruels à l'encontre de civils, fait de diriger intentionnellement une attaque contre une population civile et pillage). HM/ER