Les Yézidis, une minorité persécutée de longue date en Irak

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La communauté yézidie, dont deux figures, rescapées du groupe jihadiste Etat islamique (EI), se voient décerner le prix Sakharov du Parlement européen, est de longue date l'une des minorités les plus vulnérables d'Irak.

Saluant le "courage" de Nadia Murad et Lamia Haji Bachar, le président du Parlement européen Martin Schulz a exhorté les Européens à se "battre contre la stratégie génocidaire de l'EI".

Vivant dans les coins reculés du Kurdistan irakien, les Yézidis sont une minorité kurdophone adepte d'une religion monothéiste pré-islamique, issue du mazdéisme, qui a intégré au fil du temps des éléments de l'islam et du christianisme.

Ni arabes ni musulmans, ils sont persécutés depuis des siècles et qualifiés par leurs détracteurs, notamment par l'EI, d'"adorateurs du diable".

En août 2014, des dizaines de milliers de Yézidis avaient fui l'EI dans les monts Sinjar, y restant des semaines sans eau ni nourriture par une chaleur accablante, ou rejoignant le Kurdistan irakien ou des pays voisins comme la Turquie. Des milliers d'hommes furent massacrés, des femmes enlevées, certaines réduites en esclavage par les jihadistes.

En mars 2015, l'ONU a qualifié l'assaut de l'EI de "tentative de génocide" et réclamé la saisie de la Cour pénale internationale (CPI). Les forces kurdes irakiennes ont repris la ville de Sinjar le 13 novembre 2015.

Selon un bilan dressé en août 2015 par le gouvernement du Kurdistan irakien, sur les 550.000 Yézidis d'Irak, 400.000 ont été déplacés par les combats. Environ 1.500 sont morts et près de 4.000 sont en captivité.

L'Onu estime qu'environ 3.200 Yézidis restent actuellement entre les mains de l'EI, la majorité en Syrie.

Dans le monde, les Yézidis sont un million et demi, dont un tiers en Irak. D'autres communautés sont établies en Turquie, Géorgie et Arménie, sans compter une diaspora en Occident, selon le site du Vatican.

Dépourvus de livre sacré et organisés en castes, ils prient en direction du soleil et vénèrent sept anges dont le principal est Melek Taous ("l'Ange-Paon"). La tradition yézidie interdit de se marier hors de la communauté et même de sa caste.

Leur grande fête annuelle est un pèlerinage de sept jours sur la tombe de leur figure centrale, cheikh Adi, au temple de Lalish à une soixantaine de km de Mossoul.

Les croyances et pratiques yézidies --comme l'interdiction de manger de la laitue et de porter la couleur bleue-- sont considérées par leurs détracteurs comme sataniques. Les musulmans orthodoxes considèrent le Paon comme une figure démoniaque.

La Constitution irakienne de 2005 a reconnu leur droit à pratiquer leur culte et leur a réservé trois sièges à l'Assemblée nationale et deux au Parlement autonome kurde.

En août 2007, les Yézidis ont été victimes d'un terrible attentat lorsque d'énormes camions piégés ont détruit deux de leurs villages et tué plus de 400 personnes.