La semaine de la justice transitionnelle : Syrie, Rwanda, Tunisie

La semaine de la justice transitionnelle : Syrie, Rwanda, Tunisie©UN/ONU
Réunion du Conseil de sécurité à l'ONU : la délégation américaine
2 min 34Temps de lecture approximatif

Débat cette semaine entre légalité et légitimité après les frappes et l’attaque chimique en Syrie. La justice internationale a été ainsi mise en échec. Le Conseil de sécurité de l’ONU a été incapable de décider d’une résolution après le massacre à l’ l'attaque à Khan Cheikhoun qui a fait des dizaines de morts dont des enfants. " Un crime de guerre” selon Antonio Guterres, le secrétaire général de l’ONU pour qui “le droit humanitaire international est violé”.

Néanmoins, le blocage du parrain russe et de la Chine a empêché toute condamnation de ce massacre attribué à l’aviation du régime syrien. Ce blocage empêche tout autant une éventuelle saisine par la Cour Pénale Internationale. À noter que l’intervention américaine se situe en dehors des cadres légaux posés par l’ONU. Pierre Hazan écrit ainsi : “du point de vue du droit international humanitaire (DIH), il est évident que l’utilisation de l’arme chimique, qui plus est contre des civils, est totalement prohibée et constitue un crime international. Mais cette violation manifeste du droit ne rend pas légale – même si elle peut être considérée comme légitime – les frappes américaines”.

 

Même aboulie des instances internationales cette semaine avec la “comparution” vendredi de l’Afrique du Sud devant la CPI pour avoir refusé d’extrader le chef de l’Etat soudanais Omar Al Bashir pourtant poursuivi pour “crimes de guerre” commis au Darfour par cette même Cour. En juin 2015, Al Bashir était venu à Johannesburg assister à un sommet de l’Union Africaine et avait pu en repartir malgré un arrêt contraire d’un tribunal sud-africain saisi par une ONG défendant les droits de l’homme. Stéphanie Maupas, correspondante de JusticeInfo.net auprès de la CPI analyse les questions de droit posées par cette affaire entre obligations internationales d’arrêter Al Bashir, respect du droit sud-africain et de l’immunité accordée aux chefs d’Etat. Rappelons qu’après cet incident diplomatique, l’Afrique du Sud avait décidé de quitter la CPI, décision depuis annulée par un tribunal national.

Plus positif, l’hommage rendu aux “justes” hutus par le Rwanda à l’occasion de la commémoration du 23 ème anniversaire du génocide. Sehene Ruvugiro depuis Kigali écrit : “Elle s’appelle Roza Mukarurinda. Cette paysanne hutue du village de Kinazi, dans le sud du Rwanda, n’a ni armes, ni argent au plus fort du génocide contre les Tutsis en 1994. Roza n’a que son cœur de mère. Elle recueille un bébé tutsi de sexe féminin dont les parents viennent d’être massacrés. Pour que la petite puisse survivre, Roza doit sevrer prématurément son propre enfant pour allaiter celle à laquelle elle donne le nom d’Irizabimbuto, littéralement “l’œuf qui sera fécond”. Vingt-trois ans après, Irizabimbuto est une belle jeune femme de 23 ans qui termine ses études dans une université kényane”. Aujourd’hui Roza explique : «Aux Hutus comme aux tutsis, Dieu nous a tous donné du sang rouge ».

À noter, l’hommage doux-amer rendu par l’écrivain algérien Kamel Daoud à ses voisins tunisiens. L’auteur de “Meursault contre enquête dissèque dans son livre “ Je rêve d’être Tunisien” les évolutions de la Tunisie depuis la chute de sa dictature, jusqu’aux auditions publiques de sa commission vérité en novembre 2016, en passant par ses élections de 2011 et de 2014, la publication de sa nouvelle constitution de janvier 2014, mais aussi, ses femmes, ses islamistes et les attaques terroristes. La correspondante de JusticeInfo.net à Tunis, Olfa Belhassine, explique : “C’est probablement ce qui lui fait dire dans la préface de son recueil : « La Tunisie ne doit pas exister. On le sait qu’elle doit échouer, mourir, nous dévorer et prouver que le fatalisme est une loi confortable. Il ne faut pas que ce pays s’en sorte sinon il prouvera que nous aurions pu réussir ».