La semaine de la justice transitionnelle : la mémoire en France et en Tunisie

La semaine de la justice transitionnelle : la mémoire en France et en Tunisie©
Slogans de la révolution tunisienne
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Pas de dominante cette semaine dans le domaine de la justice transitionnelle, mais un souci de mémoire qui traverse la France tétanisée par ses présidentielles comme l’Allemagne ou la Tunisie.

L’histoire et la mémoire ont été ainsi l’un des nombreux sujets de débat entre les deux candidats français, explique Pierre Hazan, conseiller éditorial de JusticeInfo.net. Hazan écrit : « De la guerre d’Algérie à la Deuxième guerre mondiale, l’histoire du 20e siècle a été l’un des terrains d’affrontement les plus virulents entre Marine Le Pen et Emmanuel Macron. La France n’aurait-elle pas besoin d’une Commission vérité pour mieux assumer son passé colonial ? ».

Et d’ajouter au vu de la confrontation si antagoniste entre les deux candidats, « entre Macron et Le Pen, deux manières de penser la France se font face. Quel que soit le résultat des élections, la France n’a pas fini de travailler son histoire ». Et d’expliquer « Travailler le passé, c’est forcément définir le présent, affirmer ses valeurs et montrer le cap pour l’avenir. »

 Autre pays qui tente aussi de lire une histoire commune, la Tunisie post Ben Ali, cette fois-ci à travers l’art, explique Sahar Ammar, étudiante à la Geneva Academy of International Humanitarian Law and Human Rights . La culture, explique l’auteure, permet aux communautés de s’approprier l’histoire et de participer aux processus de réconciliation et de justice restaurative. Plusieurs artistes tunisiens se sont ainsi engagés dans ce travail de mémoire comme l’écrivain Gilbert Naccache prisonnier de l’ancien régime qui a d’abord écrit depuis sa cellule sur du papier à cigarette ou comme un collectif peignant des voitures brulées pendant la Révolution afin de les transformer en objets de transmission.

Ce travail de mémoire peut apparaitre toujours inachevé comme le montre l’Allemagne un pays pourtant exemplaire pour confronter son passé nazi. L'institut allemand Max Planck va ainsi entamer en juin l'identification de milliers de restes de handicapés et malades exterminés sous le IIIe Reich, ultime étape dans l'inventaire de cet épisode infamant pour la médecine et la science allemandes. Une mémoire tardive mais nécessaire.

"Peut-on reconstruire l'identité de ces victimes? (...) Dans quelle mesure les échantillons ont-ils été utilisés pour la recherche", pendant la guerre mais aussi "jusque dans les années 1990 ?" s'interroge l'institut dans un communiqué.

"La forme la plus honnête d'excuse consiste à révéler la culpabilité", déclarait en 2001 le président de l'Institut, Hubert Markl, en demandant alors pardon aux victimes des expérimentations nazies.

Ce que disait Victor Hugo dans Les Chants du crépuscule : « De quoi demain sera-t-il fait ? / L'homme aujourd'hui sème la cause ».