La semaine de la justice transitionnelle : scandale à la CPI, questions sur le Burundi et le Mali

La semaine de la justice transitionnelle : scandale à la CPI, questions sur le Burundi et le Mali©Flickr/CPI
L'ex-procureur de la CPI, Luis Moreno-Ocampo, lors d'une conférence de presse le 24 janvier 2012
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La Cour pénale est secouée par un énorme scandale mettant en cause son premier procureur, Luis Moreno Ocampo, tandis que la Centrafrique poursuit sa difficile quête de justice et que perdure le calvaire du peuple burundais érigé en rempart par un régime qui voit des menaces partout.

Huit médias internationaux, membres de l’European Investigative Collaboration (EIC) ont mené pendant six mois une enquête intitulée Les Secrets de la Cour, qui met sérieusement en cause l’ex- procureur de la Cour pénale internationale (CPI), Luis Moreno Ocampo. Comme l’écrit Pierre Hazan, conseiller éditorial de JusticeInfo.Net, l’enquête « révèle que la Cour pénale internationale a demandé en avril 2011 de garder prisonnier l’ex-président de la Côte d’Ivoire, Laurent Gbagbo » alors qu’il n’existait à l’époque ni mandat d’arrêt ni saisine de la CPI.

Ce n’est pas tout. L’enquête raconte comment l’ex-procureur Ocampo, après avoir inculpé Uhuru Kenyatta, l’actuel président du Kenya, a œuvré en coulisses pour le tirer d’affaires. « Bien qu’ayant quitté la CPI, il y a moins d’une année, Ocampo travaille alors secrètement à l’élaboration d’une stratégie qui permettrait d’abandonner les poursuites qu’il a lui-même engagées contre Kenyatta », écrit encore Pierre Hazan. On connaît la suite : tout le dossier kényan ouvert devant la CPI s’effondrera comme un château de cartes.

Cet énorme scandale éclabousse une Cour censée servir de modèle dans la lutte contre l’impunité. La CPI est notamment censée inspirer le travail des tribunaux mixtes, comme la Cour pénale spéciale (CPS) créée en 2015 au sein du système judiciaire centrafricain. La CPS, dont le projet de règlement de procédure et de preuve était en débat au début de la semaine à Bangui, a pour mandat d’enquêter, instruire et juger les violations graves des droits de l’Homme et les violations graves du droit international humanitaire, commises sur le territoire centrafricain depuis le 1er janvier 2003.

Burundi : une population pressurée par l’Etat 

Pendant ce temps, toujours sur le continent africain, de graves violations des droits de l’Homme se poursuivent au Burundi. « Depuis la fin de l'année 2015, la Cour Pénale Internationale reçoit régulièrement des rapports de diverses sources – pays, organisations, témoins installés à l'extérieur du Burundi ou susceptibles d'y être joints pour ceux qui y résident - qui documentent une large part des exactions et crimes commis dans le pays », rappelle le sociologue français André Guichaoua dans une interview accordée à JusticeInfo.Net. « Mais, comme chacun le sait, les engagements de la CPI varient au gré des intérêts des États, tous attachés à la défense de leur souveraineté », déplore ce spécialiste de la région des Grands lacs africains.

Sur place au Burundi, le noyau dur autour du président Pierre Nkurunziza, se croyant menacé d’anéantissement depuis l’extérieur, « invite avec fermeté » sa population déjà « paupérisée et pressurée, à participer massivement aux innombrables manifestations officielles de soutien à sa politique et à se soumettre aux mesures d'austérité ainsi qu'aux multiples prélèvements de l'État et du parti CNDD-FDD » au pouvoir, dénonce encore l’universitaire français.

Enfin, depuis Bamako, le correspondant de JusticeInfo.Net à Bamako, Issa Fakaka Sissoko, revient sur les attaques dhihadistes ayant visé la semaine des lieux de culte chrétiens dans le centre du pays. Le confrère relate, entre autres cas, celui de la localité de Dobara, à 800 km de Bamako, où des hommes armés ont forcé la porte de l'église, avant de s’emparer d’un crucifix, d’une statue de la Vierge Marie et de nappes d'autel qu’ils ont brûlés en plein jour sur le parvis.