Cour pénale spéciale en Centrafrique: "il faut plus de moyens" (ministre)

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Le ministre de la Justice centrafricain, Flavien Mbata, a demandé mercredi "plus de moyens" financiers pour la Cour pénale spéciale (CPS), qui doit instruire et juger les crimes contre l'humanité et les crimes de guerre commis en Centrafrique depuis 2003.

"Il nous faut plus de moyens pour nous permettre d'avoir les premiers jugements dans un an et demi", a déclaré M. Mbata à l'AFP, ajoutant que les financements actuels de la CPS lui permettent de fonctionner pendant 14 mois seulement alors que son mandat court sur 5 ans.

La Cour pénale spéciale a été créée en 2015 mais n'est pas encore opérationnelle. Son procureur et ses 25 juges (nationaux et internationaux) ont été nommés en juin, mais les enquêtes n'ont pas encore commencé.

"Les organes de poursuite sont en place, nous attendons que l'Assemblée nationale vote les règlements de preuve (le champ d'action de la CPS, ndlr)", a expliqué M. Mbata.

"Il faut être efficace pour éviter un dépérissement des preuves", a alerté le ministre de la Justice, qui souligne que "le temps joue contre nous".

En mai, l'ONU avait publié un rapport recensant douze ans de crimes parmi "les plus abominables" commis en Centrafrique entre 2003 et 2015 par des militaires ou des groupes armés, dans le but de "proposer des axes prioritaires pour les futures enquêtes de la CPS".

Deux représentants de groupes armés souvent cités dans des rapports d'ONG, l'Union pour la Centrafrique (UPC) et le Mouvement pour la Paix en Centrafrique (MPC), ont par ailleurs été nommés mercredi conseillers spéciaux à la présidence de la République centrafricaine.

Mi-septembre, des représentants d'autres groupes armés avaient fait leur entrée au gouvernement à des postes ministériels.

La Centrafrique est en proie depuis 2013 à des violences inter-communautaires, après le renversement la même année de l'ex-président François Bozizé par les milices de la Séléka prétendant défendre la minorité musulmane, ce qui avait entraîné une contre-offensive des milices anti-balakas majoritairement chrétiennes.

Aujourd'hui, des groupes armés s'affrontent en Centrafrique pour le contrôle des ressources naturelles (diamants, or, bétail...) et dans d'intenses luttes politiques pour accéder aux maigres ressources du pouvoir, dans l'un des pays les plus pauvres du monde.