Présidents croate et serbe concèdent des relations tendues

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Présidents croate et serbe ont reconnu lundi que les relations entre leur pays n'étaient toujours pas "amicales", plus de vingt ans après la fin de la guerre.

"Malheureusement, l'histoire pèse toujours sur les relations entre la Serbie et la Croatie (...), empêchant de qualifier d'amicaux les liens entre les États", a déclaré la Croate Kolinda Grabar Kitarovic, après avoir reçu son homologue à Zagreb.

"Serbie et Croatie auront besoin d'entretenir de meilleures relations à l'avenir", a agréé Aleksandar Vucic.

La guerre de 1991-95 entre Croates et forces serbes a fait environ 20.000 morts. Elle est consécutive à la déclaration d'indépendance croate, premier épisode de l'éclatement de l'ex-Yougoslavie.

Après une période d'amélioration, les relations entre les deux pays se sont tendues depuis quelques mois, chacun se reprochant épisodiquement les crimes de guerre de l'autre, durant le conflit de 1991-95 ou durant la Seconde guerre mondiale.

Candidate, la Serbie accuse régulièrement la Croatie, membre de l'Union européenne, de freiner son processus de négociations avec Bruxelles.

"Sur de nombreux sujets, nous ne sommes pas d'accord, sur quelques-uns nous nous sommes rapprochés, sur d'autres nous nous rapprocherons dans les prochains mois", a dit Kolinda Grabar Kitarovic, dont le rôle institutionnel est surtout honorifique.

Parmi les points de désaccords, ils ont évoqué la question des personnes portées disparues depuis la guerre d'indépendance croate, ainsi qu'un différend frontalier sur le Danube.

En cas d'incapacité à se mettre d'accord sur ce point, ils se sont dit favorables au recours à une cour d'arbitrage internationale. Une résolution de cette question est indispensable pour que la Serbie puisse espérer intégrer l'UE.

S'il s'était rendu en Croatie quand il était Premier ministre, la venue d'Aleksandar Vucic est la première visite officielle d'un président serbe depuis celle du pro-Européen Boris Tadic en 2010.

Il a été accueilli par quelque 400 manifestants à Zagreb, qui l'ont qualifié de "tchetnik", du nom des monarchistes serbes durant la Seconde guerre mondiale, et "d'agresseur sans remords".

"Personne dans ma famille, ni du côté de mon père, ni de celui de ma mère n'a appartenu au mouvement tchetnik", a répondu Aleksandar Vucic, ancien faucon ultranationaliste devenu un centriste pro-Européen en 2008.

En Serbie, le tabloïd "Informer", considéré comme proche du pouvoir, a dénoncé l'"hystérie oustachie", allusion à l'Etat croate oustachi, qui s'est rangé aux côtés de l'Allemagne nazie.