Syrie: les ONG horrifiées par l'ampleur des bombardements sur la Ghouta

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"Pertes humaines massives", "situation abjecte", "catastrophe humanitaire": les ONG se sont dites horrifiées mardi par l'ampleur des bombardements du régime syrien contre le fief rebelle de la Ghouta orientale, qui ont tué près de 200 civils depuis dimanche.

Unicef

Dans un communiqué intitulé "Pertes humaines massives", le directeur régional de l'Unicef pour l'Afrique du nord et le Moyen-Orient, Geert Cappelaere, laisse une page blanche.

Une unique phrase le justifie: "Aucun mot ne rendra justice aux enfants tués, à leurs mères, leurs pères, à ceux qui leur sont chers". Au moins 194 civils dont près de 60 enfants ont été tués depuis dimanche, selon l'Observatoire syrien des droits de l'Homme (OSDH).

Save the Children

L'ONG britannique évoque des "bombardements d'un niveau sans précédent. "Dans certaines parties de la Ghouta orientale, les destructions sont maintenant plus importantes que lors de la crise de 2016 à Alep, mais ne font l'objet que d'une infime partie de l'attention et de l'indignation mondiale", s'indigne Save the Children.

Dans le quartier d'Ein Terma, où vivent 18.500 personnes, les images satellite montrent que 71 des bâtiments sont détruits ou endommagés, note-t-elle. Plus de 350.000 civils sont pris au piège dans l'enclave rebelle.

"La situation est absolument abjecte", affirme dans un communiqué Sonia Khush, directrice pour la Syrie, appelant à un cessez-le-feu "de toute urgence". "Nous avons désespérément besoin d'un accès humanitaire afin que de la nourriture, des fournitures médicales et des abris puissent être livrés aux personnes les plus touchées par cette guerre horrible qui empire de jour en jour".

Comité international de la Croix-Rouge

"Cela ne peut pas continuer", affirme le CICR sur son compte Twitter. "Rapports alarmants de dizaines de personnes tuées ou blessées chaque jour dans la Ghouta orientale". L'organisme caritatif évoque "des familles prises au piège, avec aucun endroit sûr où s'abriter des bombardements". "Nous ne pouvons laisser l'histoire se répéter".

CARE International

Les associations humanitaires syriennes partenaires de CARE ont cessé d'apporter de l'aide à la population de la Ghouta orientale en raison de la violence des bombardements, annonce l'ONG dans un communiqué.

"La situation dans la Ghouta orientale est plus critique que jamais. En dépit de la résilience dont ils font preuve depuis des années, les gens perdent espoir. Contrairement aux précédentes frappes aériennes, les destructions affectent cette fois tous les quartiers. Il n'y a pas d'endroit où aller, pas d'abri, pas de sécurité", détaille Hanaa, qui travaille dans une association soutenue par CARE dans la Ghouta orientale, citée dans le communiqué.

Selon le directeur de CARE pour la Syrie, Wouter Schaap, "si un cessez-le-feu n'est pas conclu rapidement, nous allons faire face à une catastrophe humanitaire".

Amnesty International

Pour l'ONG britannique, les bombardements perpétrés par le régime de Bachar al-Assad constituent des "crimes de guerre".

"Le gouvernement syrien, avec l'appui de la Russie, cible intentionnellement sa propre population dans la Ghouta orientale. Non seulement les gens souffrent d'un siège cruel depuis six ans, mais ils sont maintenant pris au piège par des bombardements quotidiens qui les tuent et les mutilent délibérément, cela constitue des crimes de guerre flagrants", estime Diana Semaan, chercheuse chargée de la Syrie à Amnesty.

Il est "impératif que le Conseil de sécurité (de l'ONU) adresse un message fort qu'il n'y aura pas d'impunité pour ceux qui commettent des crimes de guerre et des crimes contre l'humanité".

Nations unies

"La situation humanitaire des civils dans la Ghouta orientale est totalement hors de contrôle", a expliqué dans un communiqué diffusé lundi à Beyrouth Panos Moumtzis, coordinateur de l'ONU pour l'aide humanitaire (OCHA) en Syrie. "Il est impératif de mettre fin immédiatement à cette souffrance humaine insensée" et les bombardements de "civils innocents et d'infrastructures doivent cesser immédiatement", ajoute-t-il.