Ankara convoque le chargé d'affaires néerlandais après le vote sur le génocide arménien

1 min 40Temps de lecture approximatif

Ankara a convoqué vendredi le chargé d'affaires néerlandais en Turquie et lui a fait part de sa "condamnation" au lendemain d'un vote par le parlement néerlandais d'une motion appelant à la reconnaissance du génocide des Arméniens, selon un responsable turc.

Les autorités turques ont fait part au diplomate néerlandais de leur réaction et "condamné" ce vote, a affirmé à l'AFP un responsable du ministère turc des Affaires étrangères.

La chambre basse du Parlement néerlandais a massivement approuvé jeudi par 142 voix contre trois une motion proposant "que le Parlement parle en termes clairs du génocide arménien". Elle a également approuvé l'envoi d'un représentant du gouvernement à Erevan le 24 avril pour la commémoration des massacres perpétrés entre 1915 et 1917 sous l'Empire ottoman.

Mais la Turquie refuse catégoriquement l'utilisation du terme de "génocide", évoquant des massacres réciproques sur fond de guerre civile et de famine ayant fait des centaines de milliers de morts dans les deux camps.

Le ministre turc des Affaires étrangères, Mevlüt Cavusoglu, a ainsi fustigé vendredi une décision "populiste", qui n'est "contraignante d'aucune façon" et qui "reflète le racisme, le sentiment antiturc et l'islamophobie croissants en Europe".

Il a ajouté que la décision "est très mauvaise" et fondée sur "des informations insuffisantes".

Son homologue chargé des Affaires européennes Ömer Celik, a qualifié plus tôt vendredi la motion néerlandaise de "nulle et non avenue".

Il a toutefois "noté" que l'exécutif néerlandais a pris ses distances avec la motion parlementaire. "C'est important", a souligné M. Celik.

Signe de l'irritation provoquée par le vote des députés néerlandais, Ankara a renvoyé les Pays-Bas au massacre de plus de 8.000 garçons et hommes musulmans à Srebrenica (Bosnie) en 1995, reconnu comme "génocide" par plusieurs décisions de la justice internationale. L'enclave de Srebrenica était sous protection de Casques bleux néerlandais et La Haye a été reconnu partiellement coupable du décès de 350 musulmans.

"Les décisions infondées prises par le Parlement d'un pays qui a fermé les yeux sur le génocide de Srebrenica (...) n'ont aucune place dans l'Histoire", a ainsi grincé jeudi soir le ministère turc des Affaires étrangères.

Erevan a en revanche salué la décision du parlement néerlandais.

"Avec cette mesure, le parlement néerlandais a réitéré son engagement pour les valeurs universelles et la noble tâche d'empêcher que des génocides et crimes contre l'humanité ne se reproduisent", a déclaré le ministre arménien des Affaires étrangères, Edward Nalbandian, dans un communiqué.