Syrie: de nombreuses accusations de tortures et d'exécutions attribuées au régime

2 min 37Temps de lecture approximatif

Depuis le début du conflit en Syrie, en mars 2011, le régime de Bachar al-Assad a été accusé d'atteintes aux droits de l'Homme et mis en cause pour de multiples cas de tortures et exécutions sommaires dans les centres de détention.

Selon l'Observatoire syrien des droits de l'homme (OSDH), au moins 60.000 personnes sont mortes sous la torture ou à cause des terribles conditions de détention dans les prisons du régime. Un demi-million de personnes sont passées dans les geôles du pouvoir depuis le début de la guerre, d'après l'ONG.

La Commission d'enquête de l'ONU sur la Syrie a accusé à plusieurs reprises les parties au conflit de commettre des crimes de guerre, voire, dans certains cas, des crimes contre l'humanité.

- 'Archipel de la torture' -

En juillet 2012, Human Rights Watch (HRW) établit un état des lieux de ce que l'organisation qualifie d'"archipel de la torture": "recours à l'électricité", "agressions et humiliations sexuelles", "arrachage des ongles" et "simulacres d'exécutions".

Selon l'ONG, il existe 27 centres de détention gérés par quatre des principales agences de renseignement connues sous le nom de "moukhabarat". Outre des bases militaires, stades, écoles et hôpitaux sont utilisés aux mêmes fins.

- Dossier 'César' -

En 2014, un ex-photographe de la police militaire, exfiltré sous le pseudonyme de "César", révèle des milliers de photographies de corps torturés et suppliciés dans les prisons du régime entre 2011 et 2013. Il s'est enfui de Syrie à l'été 2013, en emportant 55.000 photographies effroyables.

Il explique que son travail était de prendre en photo les cadavres pour le ministère de la Défense, avant et après la révolution. "J'ai vu des photos horribles de corps de gens qui avaient subi des tortures", raconte-t-il: des blessures profondes, des traces de brûlure, d'étranglement. Des yeux sortis de leurs orbites. Des enfants, des femmes, battus sur leurs corps et leurs visages.

"Je n'avais jamais vu des corps dans un tel état (...) depuis les photos de ce qu'ont fait les Nazis", ajoute-t-il.

Depuis, des plaintes de Syriens contre le régime se sont multipliées, notamment en Allemagne et en France.

- 'Extermination' -

En février 2016, des enquêteurs de l'ONU affirment que "le caractère massif des morts de détenus suggère que le gouvernement syrien est responsable d'actes qui relèvent de l'extermination et sont assimilables à un crime contre l'humanité".

En février 2017, Amnesty International accuse le régime d'avoir pendu quelque 13.000 personnes entre 2011 et 2015, dans la prison de Saydnaya, près de Damas. Elle précise que ces pendaisons s'ajoutent aux 17.700 personnes tuées dans les geôles du régime qu'elle avait déjà recensées.

Le rapport se base sur des entretiens avec 84 témoins, dont des gardiens, des détenus et des juges. La plupart des victimes étaient des civils.

En mai 2017, les Etats-Unis accusent le régime d'avoir recours à un "crématorium" dans le complexe pénitentiaire de Saydnaya, servant à détruire les restes de milliers de prisonniers assassinés.

- Bombes incendiaires et chimiques -

En 2012, HRW a dénoncé le recours par l'armée au largage par avion de bombes incendiaires provoquant de graves brûlures. Ces armes "peuvent contenir des substances inflammables comme le napalm, la thermite ou le phosphore blanc", selon l'ONG.

L'OSDH et des militants ont dénoncé l'utilisation de "barils d'explosifs" remplis de TNT que l'armée largue à partir des hélicoptères et des avions militaires.

Malgré ses démentis, le régime a aussi été accusé de recourir aux armes chimiques. Il a été mis en cause dans les attaques au gaz sarin sur deux bastions de la rébellion près de Damas (plus de 1.400 morts, en août 2013) et sur la ville rebelle de Khan Cheikhoun, dans le nord-ouest (plus de 80 morts, en avril 2017).

Il est aussi montré du doigt après plusieurs attaques présumées au gaz de chlore, notamment contre l'enclave rebelle dans la Ghouta orientale, près de Damas, assiégée et soumise à une offensive meurtrière du régime depuis plus de trois semaines.