Pakistan: Amnesty dénonce l'impunité face aux disparitions forcées

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Amnesty International a appelé le Pakistan à prendre des mesures pour "résoudre" des centaines de cas de disparitions forcées survenues ces dernières années et pour lesquelles "personne n'a jamais eu à rendre de comptes".

"Le Pakistan doit défendre les critères les plus élevés en matière de droits de l'homme - pas seulement en reconnaissant les violations, mais en engageant des actions concrètes pour mettre un terme à l'impunité" dont jouissent les auteurs, a dénoncé l'ONG dans un communiqué reçu mardi.

Les disparitions touchent "des blogueurs, des journalistes, des étudiants, des militants pour la paix et les droits humains", note Amnesty.

Le Pakistan a connu une vague de disparitions forcées depuis une dizaine d'années, principalement dans les zones de conflit près de la frontière afghane ou au Balouchistan qui abritent des mouvements insurgés et séparatistes. Mais le phénomène s'est depuis étendu à d'autres grandes villes et provinces.

Mi-janvier, Taha Siddiqui, un journaliste pakistanais critique envers le rôle de l'armée dans son pays, a affirmé avoir été victime d'une tentative d'enlèvement par des inconnus armés à Islamabad. Il a depuis quitté le Pakistan.

Un an plus tôt, cinq blogueurs qui faisaient publiquement connaître leur opposition à l'islam radical, l'armée ou le gouvernement sur les réseaux sociaux, avaient disparu à quelques jours d'intervalle. Quatre d'entre eux avaient été libérés plusieurs semaines plus tard. Le sort du cinquième est inconnu.

D'après Amnesty, le groupe de travail de l'ONU sur les disparitions a recensé plus de 700 dossiers au Pakistan et la Commission d'enquête pakistanaise sur les disparitions forcées a reçu les signalements de centaines de cas supplémentaires, venus de tout le pays.

"Peu de punitions sont aussi cruelles et délibérées que les disparitions forcées. Les gens sont arrachés à leurs proches par des responsables étatiques ou par d'autres agissant en leur nom", affirme Amnesty.

Le "risque de torture et même de mort" est réel pour les victimes, tandis que leurs familles sont "plongées dans un état d'angoisse", une situation qui peut durer "des années", poursuit l'ONG.

Les disparitions forcées, "une arme de terreur" qui frappe "toute la société", constituent "un crime" sous le droit international et même "un crime contre l'humanité" si elles sont "systématiques", rappelle Amnesty.

D'après l'ONG, le Pakistan a récemment accepté des recommandations onusiennes faisant des disparitions forcées un crime mais se refuse à ratifier une convention internationale protégeant toute personne des disparitions forcées.

"Personne n'a jamais eu à rendre de comptes pour une disparition forcée au Pakistan", déplore l'ONG.