Attentat à Kaboul pour Norouz: au moins 26 morts dont beaucoup de jeunes

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Au moins 26 personnes, pour la plupart des adolescents, ont été tuées mercredi dans un attentat-suicide revendiqué par l'Etat islamique (EI), alors qu'elles célébraient Norouz, le Nouvel an perse, devant l'université de Kaboul.

Cette attaque, commise par un kamikaze à pied, est la cinquième dans la capitale en l'espace de quelques semaines.

"L'assaillant a actionné sa veste explosive dans une foule. La plupart (des victimes) célébraient Norouz", a déclaré à l'AFP Nasrat Rahimi, l'adjoint du porte-parole du ministère de l'Intérieur. Dix-huit autres personnes ont été blessées, "toutes des civils", la plupart "des adolescents", a-t-il ajouté.

Le bilan pourrait encore s'aggraver, alors que le ministère de la Santé afghan fait état de son côté de 31 morts et 65 blessés. Les attentats donnent souvent lieu à des bilans contradictoires en Afghanistan.

Des témoins ont rapporté que la charge explosive était dissimulée dans un tambour porté par l'assaillant, a indiqué à l'AFP Basir Mujahid, un porte-parole de la police.

L'attentat s'est produit devant un hôpital situé en face de l'université de Kaboul, à moins de 200 mètres de Karte Sakhi, un mausolée où de nombreux Afghans se rassemblent chaque année pour fêter Norouz.

La sécurité avait été renforcée en prévision des célébrations, et le kamikaze n'a de fait pas réussi à atteindre le mausolée.

"Il s'est alors fait exploser parmi des adolescents qui en revenaient", a raconté à la chaîne Tolo news le chef de la police de Kaboul, Mohammad Daud Amin.

La déflagration s'est produite alors des gens jouaient de la musique et dansaient, a indiqué un jeune garçon blessé, parlant à la chaîne Tolo depuis son lit d'hôpital.

Des taches de sang étaient visibles sur le lieu de l'attaque, tout comme des objets épars appartenant aux victimes.

Un photographe de l'AFP a compté 18 corps à l'hôpital. Au désespoir, des proches et parents hurlaient et agrippaient les corps ensanglantés des victimes en ce qui est censé être un jour de fête pour les Afghans.

En octobre 2016, l'Etat islamique avait déjà attaqué le mausolée, tuant 18 personnes rassemblées pour l'Achoura, une célébration religieuse particulièrement importante pour la communauté chiite.

L'attentat est "un crime contre l'humanité", s'est indigné le président afghan Ashraf Ghani dans un communiqué. Il intervient quatre jours après un précédent attentat-suicide dans la capitale, revendiqué par les talibans, qui avait fait deux morts et plusieurs blessés.

Plus de 10.000 civils ont été blessés ou tués en Afghanistan en 2017 des suites du conflit, selon l'ONU. Près de 2.300 d'entre eux ont été tués ou blessés dans des attentats, le plus lourd bilan de ce type jamais enregistré.

Lundi, l'explosion d'une moto piégée à Jalalabad, la grande ville de l'est afghan, avait fait au moins quatre morts et dix blessés.

- Priorité à Kaboul -

Les attentats se multiplient à Kaboul, devenu l'un des endroits les plus meurtriers d'Afghanistan. La semaine dernière, le général John Nicholson, commandant des forces américaines et de l'Otan en Afghanistan, avait déclaré que la protection de la capitale afghane était une priorité.

Cette dernière attaque survient par ailleurs alors que le chef d'état-major américain Joseph Dunford se trouve en Afghanistan pour passer les troupes en revue avant le début attendu de la saison des combats contre les insurgés à la fin de l'hiver.

Fin janvier, le président afghan Ashraf Ghani a proposé aux talibans d'engager des pourparlers de paix, idée que ces derniers ont pour l'instant fraîchement accueillie.

Les insurgés refusent officiellement toute discussion avec le gouvernement afghan, qu'ils qualifient de marionnette des Etats-Unis.

La semaine dernière, ils ont répété sur leur site internet qu'ils étaient prêts à négocier, mais uniquement avec Washington, pas avec Kaboul qu'ils dépeignent comme un "régime d'esclaves" inféodé aux "envahisseurs américains".

Les talibans ont regagné beaucoup de terrain depuis la fin de la mission de combat de l'Otan fin 2014 et ils ont porté des coups très durs aux forces de sécurité afghanes.

En octobre, les insurgés contrôlaient ou exerçaient leur influence sur près de la moitié des districts d'Afghanistan, soit deux fois plus qu'en 2015, selon un rapport publié en janvier par l'agence gouvernementale américaine SIGAR.