Incitation à la haine raciale: peine d'amende pour le chef du Bastion Social

1 min 39Temps de lecture approximatif

Il avait publié en 2015 un dessin assorti d'un texte antisémite sur les réseaux sociaux: le chef du groupe d'ultra-droite le Bastion Social, Steven Bissuel, a été condamné jeudi à Lyon à 20.000 euros d'amende.

Dans son délibéré, la 6e chambre du tribunal correctionnel n'a pas suivi le parquet, qui, à l'audience du 19 juin, avait requis six mois de prison ferme et la confiscation des scellés saisis, notamment une matraque électrique, une lampe shocker (lançant des décharges électriques), une réplique de pistolet Beretta et un ordinateur.

Steven Bissuel, 24 ans, était poursuivi pour "provocation à la haine raciale et à la violence en raison d'une origine ethnique, en état de récidive légale" et "apologie de crime contre l'humanité".

Le tribunal n'a toutefois retenu que le premier des deux chefs, le second étant prescrit, a fait valoir sa présidente.

En janvier 2015, Steven Bissuel avait publié sur le compte Twitter et la page Facebook du syndicat étudiant d'extrême droite GUD (qui a donné naissance par la suite au Bastion social) un dessin de l'étiquette des bouteilles Oasis, avec l'inscription "Shoasis".

On y voyait des ananas portant des étoiles jaunes et des pyjamas rayés, évoquant les prisonniers du camp de concentration, avec en sous-titre la mention "teneur garantie: 6 millions au Zyklon B", cet agent toxique utilisé par les nazis dans les chambres à gaz. Le tout assorti de la mention "Joyeux anniversaire Auschwitz. 70 ans de business, ça commence à faire".

Outre la peine d'amende - sous forme de 200 jours-amende à 100 euros ou, à défaut de paiement, 200 jours de prison - Steven Bissuel devra verser 3.000 euros de dommages-intérêts à la Licra (Ligue internationale contre le racisme et l'antisémitisme), partie civile, ainsi que 1.500 euros pour les frais de justice.

Présent à l'énoncé du délibéré, le prévenu a accueilli sa condamnation sans sourciller. "Je n'ai pas confiance dans la justice de mon pays. C'est une décision politique; donc je constate et j'accepte", a-t-il déclaré à l'AFP, ajoutant qu'il allait "bien sûr faire appel".

Steven Bissuel est par ailleurs poursuivi pour violences en marge d'un concert anti-fasciste à Lyon en avril. Selon son avocat, Me Benoît Brogini, l'instruction est toujours en cours.

Le Bastion Social, né à Lyon au printemps 2017, a été fondé par des membres du Groupe Union Défense (GUD), syndicat étudiant d'extrême droite. Il a essaimé depuis à Aix-en-Provence, Chambéry, Marseille, Strasbourg, et depuis cet été à Clermont-Ferrand.

En France, le Bastion social adhère aux thèses du "grand remplacement", qui prophétise la disparition des "peuples européens", tout en affirmant lutter contre le "capitalisme ultra-libéral".

nd/fga/mm

FACEBOOK

TWITTER