Justice doit être rendue aux Rohingyas, dit le chef de la diplomatie britannique à Suu Kyi

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Le chef de la diplomatie britannique, en visite en Birmanie, a demandé que justice soit rendue aux Rohingyas, assurant jeudi à la dirigeante birmane Aung San Suu Kyi que La communauté internationale ne laissera pas les choses en l'état.

"C'est un très grand moment dans l'histoire de la Birmanie. Le monde regarde (ce pays) pour voir si la justice peut être rendue après que des choses vraiment épouvantables se soient produites", a déclaré à l'AFP Jeremy Hunt à l'issue de la rencontre.

"La communauté internationale ne laissera pas les choses en l'état. Si nous voyons que rien ne se passe, nous utiliserons tous les outils à notre disposition pour nous assurer que justice soit rendue", a-t-il ajouté, évoquant une résolution devant le Conseil de sécurité comme "une des options" sur la table.

Dans leur rapport final rendu mardi, les enquêteurs de l'ONU appellent le Conseil de sécurité à saisir la Cour pénale internationale par le biais d'une résolution ou à créer un tribunal international ad hoc, comme pour le Rwanda ou l'ex-Yougoslavie.

Mais la probabilité d'une résolution sur le "génocide" rohingya est faible, la Chine et la Russie risquant d'y opposer leur veto.

Plus tôt dans la journée, Jeremy Hunt s'est rendu dans l'Etat de Rakhine, région du nord-ouest de la Birmanie d'où en 2017 plus de 700.000 Rohingyas ont fui au Bangladesh les exactions de l'armée birmane, décrivant des viols, des exécutions extrajudiciaires et des villages incendiés.

Leur retour en Birmanie est "la prochaine étape essentielle", a souligné le chef de la diplomatie britannique.

Un accord de rapatriement a été signé entre la Birmanie et le Bangladesh fin 2017, mais dix mois plus tard le processus est au point mort, les deux pays se rejetant mutuellement la faute. Les réfugiés rohingyas refusent, quant à eux, de revenir jusqu'à ce que leur sécurité et leurs droits soient garantis.

Quant aux deux reporters de Reuters condamnés récemment à sept ans de prison alors qu'ils enquêtaient sur des exactions commises contre les Rohingyas, Aung San Suu Kyi va "se pencher sur la question", d'après Jeremy Hunt.

Alors que la prix Nobel de la Paix garde un statut d'idole en Birmanie, cette affaire a écorné encore un peu plus son image à l'international car elle n'est pas intervenue en faveur des deux hommes, justifiant même leur condamnation.

Fin août, quelques jours avant le verdict, l'ex-Haut commissaire de l'ONU aux droits de l'homme, Zeid Ra'ad Al Hussein, l'avait accusée d'être devenue "la porte-parole des militaires birmans".

Mardi, un ancien commentateur politique, proche de la junte birmane, a été condamné à sept ans de prison pour avoir critiqué sur Facebook Aung San Suu Kyi.

Mardi également, la procureure de la Cour pénale internationale (CPI) a annoncé l'ouverture d'un examen préliminaire concernant la déportation présumée des Rohingyas par la Birmanie vers le Bangladesh.

Fatou Bensouda a précisé que "l'examen préliminaire pourra tenir compte d'un certain nombre d'actes coercitifs présumés ayant entraîné le déplacement forcé des Rohingyas, notamment la privation de droits fondamentaux, des meurtres, des violences sexuelles, des disparitions forcées ainsi que des actes de destruction et de pillage."