Centrafrique: des entreprises forestières ont financé des groupes rebelles

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Des entreprises forestières internationales ont versé plusieurs millions d'euros à des groupes rebelles centrafricains pour pouvoir exporter illégalement - essentiellement vers l'Europe - du bois de ce pays ravagé par les troubles, accuse mercredi l'ONG Global Witness.

Dans ce rapport intitulé, "Bois de sang, comment l'Europe a aidé à financer la guerre en République centrafricaine", l'ONG assure que les exploitants forestiers ont versé de l'argent aux divers groupes rebelles - Séléka ou anti-balaka - contrôlant des portions de territoire afin de poursuivre les coupes et les exportations de grumes.

Le secteur forestier figure parmi les principales ressources d'exportation de ce pays particulièrment démuni. Une autre source de revenus, le diamant, a également donné lieu à ce type de trafics.

"Des entreprises européennes ont acheté du bois à des sociétés forestières de RCA, qui ont payé en 2013 plus de 3,4 millions d'euros aux rebelles pour continuer d'exploiter les forêts en toute illégalité, à grande échelle et pour des bénéfices considérables", selon Global Witness.

Les premiers bénéficiaires de cet argent ont été en 2013 les rebelles de la Séléka, chassés du pouvoir à Bangui début 2014 par une intervention internationale après de sanglantes violences intercommunautaires ayant fait des milliers de morts et des centaines de milliers de déplacés.

"Depuis le départ de la Séléka du pouvoir en 2014, les forêts de RCA sont sous le contrôle d'autres groupes armés, les anti-balaka. Les exploitants forestiers continuent de verser de l'argent de manière routinière à ces derniers", accuse encore l'ONG.

Global Witness met particulièrement en cause trois groupes forestiers, l'un français, l'autre chinois et le dernier libanais.

"Vu l'ampleur des paiements" versés aux groupes armés, "tout le bois centrafricain vendu d'avril 2013 à janvier 2014 devrait être considéré comme du +bois du conflit+, car il a contribué à financer des crimes de guerre", réclame l'ONG, qui a particulièrement étudié les transactions pendant cette période.

Global Witness appelle en outre "les Etats membres de l'Union européenne à rompre tous les liens commerciaux et d'aide avec le secteur forestier de RCA, qui reste une source d'instabilité, alors que le pays peine à rétablir la paix".