Moscou utilise une photo truquée en couverture de son Livre blanc sur la "tragédie ukrainienne"

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La publication par la Russie d'un Livre blanc des "crimes commis dans l'est de l'Ukraine" a suscité mardi une vague de sarcasmes à Kiev et sur l'internet, sa couverture étant illustrée par une photo truquée sur laquelle des flammes ont été ajoutées.

La première page de cet épais rapport, intitulé "La tragédie du sud-est ukrainien" et dirigé par le président du Comité d'enquête russe Alexandre Bastrykine montre une vue aérienne de la ville de Donetsk en feu, touchée par d'intenses bombardements.

Mais des internautes russes et ukrainiens ont relevé que cette photo, déjà utilisée par un site internet local d'informations en mai 2014, était un vulgaire montage sur lequel les incendies ont été ajoutés.

"Ce +faux+ est connu depuis longtemps. Je suis surpris que le Comité d'enquête ait laissé passé une erreur aussi flagrante", s'est étonné sur son blog le journaliste russe Ilia Barabanov.

Dans un communiqué, le porte-parole du Comité d'enquête Vladimir Markine estime que le document apporte "la preuve des crimes de guerre" des soldats et des combattants nationalistes ukrainiens dans l'est de l'Ukraine.

Il a été publié pour "inciter la communauté internationale à s'impliquer d'avantage en vue d'un règlement pacifique du conflit", poursuit-il.

"Les gens doivent connaître la vérité sur cette guerre fratricide déclenchée par le régime nationaliste ukrainien", ajoute M. Markine.

Le Comité d'enquête n'était pas joignable dans l'immédiat mardi pour répondre sur la photo de couverture.

Interrogée par l'AFP, l'adjointe au ministre ukrainien de l'Information, Tetiana Popova, a dénoncé une "énième opération spéciale russe" pour discréditer "le plus possible nos dirigeants et notre armée".

"Cette photo traîne depuis plusieurs mois. Ils ont pris une image réelle de Donetsk et y ont ajouté des explosions à l'aide de Photoshop", a accusé la porte-parole.

L'ONG de défense des droits de l'Homme Amnesty International avait rapporté en mai que la torture et les exactions étaient des pratiques courantes au sein des deux camps en conflit, évoquant des "crimes de guerre". En septembre, elle avait exhorté Kiev à renforcer son autorité sur les bataillons de volontaires opérant aux côtés des forces armées régulières.

Plus de 6.800 personnes, principalement des civils, ont péri dans le conflit dans l'est de l'Ukraine depuis avril 2014.

Une nouvelle trêve a été instaurée le 15 février mais des accrochages meurtriers s'y poursuivent quasi quotidiennement.