Déficit: Bruxelles change de ton vis-à-vis de la France

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La Commission européenne a adressé mercredi un satisfecit à la France pour ses efforts afin de réduire son déficit et le ramener sous la barre des 3% d'ici 2017, et a invité le pays à poursuivre les réformes, avant de statuer sur son cas début juin.

"Très clairement, les autorités françaises sont en train de faire des efforts budgétaires supplémentaires", a affirmé le vice-président de la Commission européenne Valdis Dombrovskis en présentant mercredi les recommandations économiques de Bruxelles aux Etats membres de l'UE.

"Je salue les autorités françaises pour leur engagement à se réformer (...) et pour les mesures prises afin d'assurer la viabilité des finances publiques et ramener le déficit sous 3% d'ici 2017", a-t-il souligné.

"Toutefois, il est essentiel que le gouvernement français maintienne l'élan et profite de l'amélioration des conditions économiques pour poursuivre l'agenda de réformes", a insisté le commissaire letton, citant notamment la poursuite de la réforme du marché du travail, et des efforts de simplification pour soutenir la compétitivité et l'amélioration du système fiscal.

"Nous considérons qu'il y a un effort de réformes à faire (en France) mais que le programme national de réformes est de meilleure qualité" qu'auparavant, a renchéri Pierre Moscovici, le commissaire européen en charge des Affaires économiques, ancien ministre français des Finances.

Ces déclarations semblent un peu plus éloigner la perspective de sanctions pour la France en raison de son déficit excessif, une menace qui était encore vive il y a trois mois.

Elles arrivent le même jour que la publication de chiffres qui montrent que la France a tiré la croissance de la zone euro au premier trimestre avec un PIB en progression de 0,6%, devant l'Allemagne (0,3%).

"Ce sont des recommandations qui sont très positives, (qui) reconnaissent tous les efforts que nous faisons, les résultats qui sont les nôtres, et en même temps elles nous encouragent à faire ce que nous avons décidé que nous ferions, des réformes qui sont utiles pour la France, réduire nos déficits ", a réagi mercredi le ministre français de Finances Michel Sapin.

- Prochain rendez-vous le 10 juin -

Dans le détail, la Commission a adressé mercredi six recommandations à Paris, pour réduire son déficit public et accroître sa compétitivité. Elle suggère notamment de prendre des mesures supplémentaires d'ici mars 2016 pour mettre le système des retraites à l'équilibre, en mettant l'accent sur les retraites complémentaires.

La Commission a donné jusqu'au 10 juin à la France pour lui fournir très rapidement des gages de rigueur budgétaire dès cette année.

Fin février, elle lui avait accordé un nouveau délai, jusqu'en 2017, pour ramener son déficit dans les clous. Ce troisième sursis avait fait grincer des dents certains de ses partenaires et suscité des remous au sein de la Commission, la France étant soupçonnée de bénéficier d'un traitement de faveur.

L'exécutif européen avait alors prévenu le pays, abonné aux dérapages budgétaires, qu'il risquait des sanctions, une arme encore jamais utilisée.

Depuis la situation a considérablement changé: Paris a revu ses prévisions économiques et prévoit désormais un déficit de 2,7% en 2017, soit mieux que ce que demande la Commission.

En terme de trajectoire, la France est également sur la bonne voie, selon l'exécutif européen, qui anticipe désormais un déficit public de 3,8% cette année, avant 3,5% l'an prochain pour Paris.

Les contacts se sont également multipliés entre Paris et Bruxelles: M. Sapin est venu à deux reprises rencontrer des commissaires européens pour expliquer les efforts entrepris. Il a notamment rencontré le commissaire allemand Günther Oettinger, en charge du Numérique, qui était sorti de son périmètre pour violemment critiquer la France.

Le ministre de l'Economie, Emmanuel Macron, s'est également rendu dans la capitale européenne pour expliquer les réformes en cours.

"Je suis très heureux que le dialogue que nous avons engagé depuis un an, cette volonté de regarder les choses en face, ce devoir de vérité sur les chiffres, mais aussi la reconnaissance des efforts soient ce qui marque la relation entre la Commission et le gouvernement français", a jugé M. Sapin.