Espagne: campagne pour réclamer la vérité sur le franquisme

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Des associations de victimes de la dictature franquiste ont lancé vendredi à Madrid une campagne pour demander à tous les partis espagnols de s'engager à créer une "Commission vérité", afin d'établir les crimes du franquisme, 40 ans après la mort de Francisco Franco.

La plateforme pour la création d'une Commission vérité sur les crimes du franquisme (1939-1975) comprend de nombreuses associations, familles de disparus, juristes et militants pour la défense des droits humains.

D'ici les élections législatives, prévues le 20 décembre, "nous demandons que les partis s'engagent, une fois pour toutes, à appliquer les résolutions de l'ONU", a dit à l'AFP le porte-parole de la plateforme, le journaliste Jordi Gordon. Il s'agit notamment d'aboutir à la constitution d'une commission parlementaire "pour reconnaître les victimes du franquisme en tant que telles et établir enfin les faits".

"Nous sommes le second pays en nombre de disparus, derrière le Cambodge", a affirmé M. Gordon. "On parle en Espagne de 140.000 disparus et il reste 2.381 fosses communes localisées qui n'ont toujours pas été ouvertes".

"Le régime franquiste avait voulu faire disparaître les corps, les documents, la mémoire", a insisté ce journaliste, auteur du documentaire "Dejadme llorar" ("Laissez-moi pleurer"), récemment présenté en Andalousie.

Ce film évoque les fosses communes de cimetières de Cordoue où seraient réunis les ossements de "4.000 personnes fusillées à partir de l'année 1936".

La plateforme réclame aussi une enquête officielle pour déterminer l'ampleur des "vols d'enfants", retirés à leur mère sous le régime franquiste.

Une "loi sur la mémoire historique" avait été adoptée en 2007, à l'initiative du précédent chef du gouvernement, le socialiste José Luis Rodriguez Zapatero, en faveur de ceux qui ont subi persécutions et violences pendant la guerre civile et la dictature.

"Cette loi avait créé un bureau des victimes mais le Parti populaire (de Mariano Rajoy, actuellement au pouvoir) l'a éliminée et a rendu la loi inopérante, avec zéro budget", a dénoncé M. Gordon.

Franco reste enterré à 50 kilomètres au nord-ouest de Madrid, dans "El valle de los caidos" ("la vallée de ceux qui sont tombés"), gigantesque mausolée qu'il fit construire notamment par des milliers de prisonniers républicains.

La plateforme demande qu'un autre sens soit donné à ce monument et qu'un travail pédagogique y soit mené pour expliquer ce que fut la dictature.