Karadzic: "le plus important verdict depuis Nuremberg" (membre musulman de la présidence bosnienne)

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La condamnation jeudi par le TPIY de Radovan Karadzic, l'ex-leader politique des Serbes de Bosnie, est "le plus important verdict depuis Nuremberg", a réagi Bakir Izetbegovic, le membre musulman de la président collégiale bosnienne.

"Des crimes ont été préparés et commis de manière organisée et systématique. Des centaines de milliers de personnes ont été chassées, et les traces de leur culture et de leur religion ont été effacées. Il s'agit du plus important verdict depuis Nuremberg", a déclaré M. Izetbegovic lors d'une conférence de presse à Sarajevo.

"Radovan Karadzic a été condamné aujourd'hui à 40 ans de prison. Ce n'est pas une sentence particulière, elle ne revêt pas une importance particulière, mais ce qui est important c'est qu'une sentence a été prononcée contre une terrible idéologie politique", a-t-il dit.

Radovan Karadzic a été condamné jeudi par le Tribunal pénal international pour l'ex-Yougoslavie (TPIY) pour génocide, crimes contre l'humanité et crimes de guerre commis pendant la guerre de Bosnie (1992-95), à l'époque où ce pays était présidé par Alija Izetbegovic, le père du dirigeant actuel.

Karadzic a été reconnu coupable de génocide pour le massacre de près de 8.000 hommes et garçons musulmans à Srebrenica en juillet 1995, le pire massacre commis en Europe depuis la Seconde Guerre mondiale.

En vertu des accords de paix de Dayton (Etats Unis) qui ont mis fin au conflit, la Bosnie a été divisée en deux entités, l'une serbe, la Republika srpska (RS) l'autre croato-musulmane, semi-indépendantes, reliées par de faibles institutions centrales, dont la présidence collégiale composée de trois membres, un Musulman, un Serbe et un Croate.

A Belgrade, les responsables politiques ont insisté sur le fait que ce verdict ne devait en aucun cas remettre en question l'existence de la Republika srpska, tandis qu'en Bosnie, des Musulmans exprimaient leur mécontentement.

"J'espérais une condamnation à perpétuité, mais d'un autre côté, 40 ans, c'est presque équivalent à une sentence à vie", a déclaré Adil Draganovic, 63 ans, un ancien prisonnier d'un camp de détention serbe pendant le conflit.

Munira Subasic, présidente d'une association des mères de Srebrenica, croyait elle aussi à une peine plus lourde. "Je suis sûre qu'en appel, elle le sera", a-t-elle dit.

A Srebrenica, Muhizin Omerovic, 42 ans, dont le père a été tué dans le massacre, a tempéré: "Je ne suis pas satisfait, mais je respecte le verdict, il ne changera rien. Nous sommes tous perdants dans ce conflit, les Serbes aussi. C'est pour ça que nous ne devons pas permettre qu'on nous vole notre avenir", a-t-il déclaré à l'AFP.

A Belgrade, environ 5.000 sympathisants de l'ultranationaliste Vojsilav Seselj, lui-même en attente d'un verdict du TPIY pour son rôle dans les conflits en ex-Yougoslavie, ont manifesté contre le Tribunal de La Haye mais aussi contre le gouvernement du Premier ministre Aleksandar Vucic.

"Il (Karadzic, ndlr) a été condamné alors qu'il est innocent, le verdict est dirigé contre tout le peuple serbe et son histoire", a lancé M. Seselj aux manifestants.

Le président serbe Tomislav Nikolic a souligné, dans un communiqué, que le verdict "ne peut et de doit pas influencer le destin de la RS".

Plus tôt, son Premier ministre avait mis en garde "tous ceux" qui seraient tentés de remettre en question l'existence de cette entité.