Apologie de crimes contre l'humanité: 3 mois avec sursis requis contre Alain Soral

1 min 59Temps de lecture approximatif

Trois mois de prison avec sursis ont été requis mercredi à l'encontre de l'essayiste d'extrême droite Alain Soral, poursuivi pour "apologie de crimes de guerre et contre l'humanité" pour des propos visant les époux Klarsfeld.

"C'est un message clairement antisémite. Il est outrageant, insultant, non seulement pour les époux Klarsfeld mais aussi pour les enfants des déportés et toutes les victimes de l'Allemagne nazie", a dénoncé la procureure en demandant au tribunal "d'imposer à M. Soral de ne plus tenir de tels propos".

Le jugement a été mis en délibéré au 14 juin.

En mai 2015, Alain Soral, qui accumule les condamnations et poursuites judiciaires pour des propos antisémites, avait posté sur sa page Facebook un extrait d'un article de presse sur l'ordre allemand du mérite dont avaient été décorés les chasseurs de criminels nazis, Serge et Beate Klarsfeld.

Au-dessus de l'extrait de l'article, un commentaire, attribué à l'essayiste, avait suscité l'émoi d'internautes: "Voilà ce qui arrive quand on ne finit pas le boulot!". Ce message avait ensuite été supprimé.

"Le père de Serge Klarsfeld et une partie de sa famille sont morts en déportation", a souligné son avocat, Me Olivier Maudret, en parlant de "blessures ravivées".

Au terme d'une enquête préliminaire, le parquet a cité Alain Soral à comparaître pour "apologie de crimes de guerre et contre l'humanité".

Mais mercredi, le polémiste ne s'est pas présenté devant la 17e chambre correctionnelle de Paris où il était représenté par deux avocats.

Serge et Beate Klarsfeld étaient, eux, bien présents au premier rang d'une salle d'audience bondée où avaient pris place des fils et filles de déportés, arborant un badge jaune portant l'inscription: "militants de la mémoire".

A la barre, l'historien a expliqué avoir appris par son fils Arno, également présent dans la salle, qu'il était mis en cause par Alain Soral qu'il ne connaissait pas personnellement. "Sa littérature ressemble beaucoup à celle des années 40", a-t-il commenté en expliquant s'être constitué partie civile "au nom de toutes les victimes de la Shoah et de leurs familles".

"Il est naturel pour quelqu'un d'extrême droite d'être fâché que l'Allemagne décore des gens qui ont amené des criminels nazis devant les tribunaux", a-t-il lâché.

"Les mots de Soral sont symboliques. On ne peut pas laisser passer cela sans réagir, c'est une insulte pour les victimes", a abondé son épouse.

Lors de son audition, Alain Soral a d'abord nié les faits avant d'avancer qu'il s'était exprimé sur un compte facebook privé, mettant sur le compte d'un "piratage" sa diffusion publique. Refusant de s'expliquer sur le fond, il a estimé qu'il s'agissait "de sa vie privée". Des arguments repris par ses avocats qui ont également plaidé la prescription des faits.

Mais le tribunal a rappelé que plusieurs témoins dont Gilles Clavreul, le délégué interministériel à la lutte contre le racisme et l'antisémitisme alerté par un journaliste, avaient pu consulter de visu le texte de Soral qui était donc visible par tous sur son compte avant d'être retiré.