Non-lieu du vice-président kényan au CPI: la procureure dénonce une campagne d'intimidation

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La procureure de la Cour pénale internationale (CPI) a dénoncé mercredi une campagne "acharnée" d'intimidation de témoins pour expliquer l'abandon des poursuites contre le vice-président kényan William Ruto dans les graves violences de l'après-présidentielle de 2007.

Les juges de la CPI ont décidé mardi d'abandonner les charges et de prononcer un non-lieu en faveur de M. Ruto et de son co-accusé, le journaliste Joshua arap Sang, estimant insuffisants les éléments présentés par la procureure Fatou Bensouda depuis le début du procès, en septembre 2013.

Ils étaient poursuivis pour des meurtres, persécutions et déportations durant les violences qui avaient suivi la réélection contestée du président Mwai Kibaki en décembre 2007, faisant plus de 1.300 morts et 600.000 déplacés, selon l'accusation.

"Nous avons assisté à une campagne acharnée pour identifier les personnes qui pourraient servir de témoins à charge dans ce dossier et faire en sorte qu'elles ne témoignent pas", a déclaré Mme Bensouda dans un communiqué, son premier depuis la décision du tribunal de La Haye.

"Par conséquent, des témoins potentiels nous ont dit avoir trop peur pour s'engager à témoigner contre les accusés", a-t-elle poursuivi.

"D'autres, qui nous avaient dans un premier temps rapporté ce qu'ils avaient vu dans la période post-électorale, se sont ensuite rétractés et ont refusé de coopérer avec le tribunal", a ajouté Mme Bensouda qui avait dénoncé dès mardi sur le compte Twitter de la CPI une "campagne d'intimidation des témoins (...) méthodique, considérable et très bien financée".

MM. Ruto et Sang ont nié les trois accusations de crimes contre l'humanité portées contre eux pour meurtre, expulsion forcée et persécution, les pires violences de l'histoire post-coloniale du Kenya.

Avant même que la CPI n'autorise le lancement d'une enquête en 2010, a poursuivi la procureure, une campagne avait démarré pour intimider les témoins et elle "s'est intensifiée dans les semaines menant au procès et a continué toute la durée du dossier".

La procureure a aussi accusé Nairobi de ne pas avoir pleinement coopéré à l'enquête, une mise en cause rejetée par le Kenya.

"Malgré les assurances répétées de coopération avec le tribunal, le gouvernement kényan n'a fourni qu'une aide sélective à l'accusation", a-t-elle dit.

Elle a de nouveau appelé Nairobi à remettre à la CPI trois personnes soupçonnées d'avoir voulu acheter des témoins.

"Les obstacles que nous avons rencontrés au cours de nos enquêtes et poursuites ont contrecarré le cours de la justice pour les victimes dans ce dossier et ceci est profondément regrettable", a-t-elle conclu.