Burkina: la justice lève le gel des avoirs des présumés putschistes

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La justice burkinabè a levé le gel des avoirs de 14 personnes et 4 partis politiques soupçonnés d'implication dans le coup d'Etat manqué du 16 septembre 2015 au Burkina Faso, a-t-on appris mercredi de source judiciaire.

"Par ordonnance en date du 6 avril, le juge d'instruction a levé le gel des avoirs de tous ceux qui ont été soupçonnés d'avoir participé au coup d'Etat. Cela concerne aussi les partis politiques", a déclaré à l'AFP un magistrat à la justice militaire de Ouagadougou, sous couvert d'anonymat.

En pratique, "le juge d'instruction a décidé de ne pas renouveler l'ordonnance sur les gels des comptes", car "il estime que ce n'est plus utile à l'instruction", a expliqué cette source.

L'un des partis visés a confirmé l'information.

"Notre avocat nous a effectivement dit qu'il y a une décision qui a été prise de dégeler les avoirs de notre parti et de nos responsables", a déclaré à l'AFP le chargé de communication de la Nouvelle Alliance du Faso (NAFA), Antoine Dabilgou.

Le gel des comptes avait été ordonné le 7 octobre 2015 par le juge d'instruction militaire. Cette mesure autorisait les "banques et établissements financiers ouverts au Burkina Faso" à geler les avoirs appartenant aux "personnes physiques ou aux partis politiques" soupçonnés d'être impliqués dans le coup d'Etat.

Outre le général Gilbert Diendéré, cerveau présumé du putsch manqué et de son épouse Fatou, les comptes bancaires de treize autres personnes dont ceux du dernier chef de la diplomatie burkinabè Djibrill Bassolé et du patron de l'ex-parti au pouvoir Eddie Constance Komboïgo avaient été gelés.

Quatre partis politiques, notamment le Congrès pour la démocratie et le progrès (CDP), le parti fondé par l'ex-président Blaise Compaoré, avaient vu leurs avoirs gelés.

Le 16 septembre, des soldats du Régiment de sécurité présidentielle (RSP), l'ancienne garde prétorienne du président Blaise Compaoré, chassé du pouvoir fin octobre 2014 après 27 ans de pouvoir, avaient pris en otage le président Michel Kafando, son Premier ministre Isaac Zida et l'ensemble du gouvernement et proclamé le lendemain un putsch.

Ce putsch qui avait été mené par le général Gilbert Diendéré, ancien bras droit de M. Compaoré, a échoué après des manifestations populaires soutenues par une partie de l'armée restée loyaliste au gouvernement.

Une soixantaine de personnes, dont une vingtaine d'officiers du RSP - qui a été dissous après le putsch - ont été inculpées et placées sous mandat de dépôt.

Le général Diendéré a été inculpé de "crime contre l'humanité".

Au moins quatre personnes dont deux journalistes bénéficient actuellement d'une liberté provisoire.