Washington étrille l'Ouganda pour avoir reçu le président soudanais

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La diplomatie américaine a étrillé jeudi l'Ouganda pour avoir reçu le président soudanais Omar el-Béchir, recherché par la Cour pénale internationale (CPI), lors de la prestation de serment du président ougandais Yoweri Museveni qui s'en est aussi pris violemment à la CPI.

"A Kampala, le président Museveni a fait des remarques désobligeantes à l'égard de la CPI devant des participants, notamment des chefs d'Etat", a dénoncé la porte-parole du département d'Etat Elizabeth Trudeau à propos de la prestation de serment jeudi du président ougandais réélu en février pour un cinquième mandat de cinq ans après un scrutin très controversé.

"En réponse à la présence du président Béchir et aux remarques du président Museveni, la délégation des Etats-Unis, ainsi que des représentants de pays de l'Union européenne et du Canada ont quitté les cérémonies d'investiture en signe de protestation", a révélé la responsable américaine.

Mme Trudeau a encore fait part de la "préoccupation" de Washington devant le fait que "le président Béchir a pu se rendre en Ouganda et à Djibouti auparavant".

La présence de M. Béchir à Kampala a valu à l'Ouganda les critiques d'organisations de défense des droits de l'homme. Elles estiment qu'en tant que signataire du Statut de Rome, qui a fondé la CPI, il était du devoir de ce pays d'Afrique d'arrêter le président soudanais et de le remettre à la Cour.

Mais dans son allocution, M. Museveni a violemment critiqué la CPI et les Occidentaux, "une bande d'inutiles" et des "pays fiers et arrogants".

Omar el-Béchir est, depuis 2009, recherché par la CPI pour crimes contre l'humanité, crimes de guerre et génocide dans le conflit au Darfour (ouest du Soudan), qui a fait plus de 300.000 morts selon l'ONU.

Les Etats-Unis ne sont pas parties au Statut de Rome de la CPI mais ils soutiennent le plus souvent les décisions de la Cour.

Washington maintient toutefois des relations diplomatiques, difficiles, avec le Soudan et ses liens avec son allié ougandais se sont récemment détériorés, en particulier sur les questions de démocratie et de droits de l'homme.