Des milliers d'opposants et de partisans du patron de l'entité serbe de Bosnie, Milorad Dodik, se sont défiés samedi à Banja Luka (nord), lors de rassemblements simultanés, ont constaté des journalistes de l'AFP.
C'est la première contestation de cette ampleur contre celui qui est depuis 2006 l'homme fort de cette entité, l'une des deux composantes de la Bosnie, avec l'entité croato-musulmane.
Visé par une enquête judiciaire, il est accusé de corruption et rendu responsable d'une situation économique désastreuse, par une opposition hétéroclite qui, du centre à l'extrême droite ultra-nationaliste, a réuni ses partisans pour demander son départ et des élections anticipées à l'automne.
Chef de l'Union des sociaux-démocrates indépendants (SNSD) et maniant également volontiers les thèses nationalistes, Milorad Dodik avait appelé à une contre-manifestation dans le centre.
Il y a reçu le soutien de Darko Mladic, fils du général Ratko Mladic, actuellement jugé pour crimes de guerre et contre l'humanité lors de la guerre inter-ethnique en Bosnie (1992-1995).
Sonja Karadzic Jovicevic avait elle choisi la tribune des opposants à qui elle a apporté "une salutation de coeur" de son père, Radovan Karadzic, ex-chef politique des Serbes de Bosnie, récemment condamné par la justice internationale.
Aucun incident n'a été relevé entre manifestants séparés par quelques centaines de mètres et d'importantes forces de police.
"La Republika Srpska sera bientôt dirigée par de vrais patriotes, pas les faux", a lâché Milanko Mihajlica, president du parti radical (extrême droite). "Mile (Dodik), voleur!", a dit sous les vivats le patron du principal parti d'opposition, Mladen Bosic (SDS, droite), dont le parti appartient à la coalition multi-ethnique qui dirige le gouvernement central bosnien à Sarajevo.
Une participation que lui a reproché samedi Milorad Dodik: "C'est une trahison d'aller opiner du chef à Sarajevo! C'est une trahison de ne pas défendre la Republika Srpska à Sarajevo! Une trahison de ne pas soutenir la Serbie à Sarajevo!".
Milorad Dodik a brandi par le passé la menace d'un référendum sur l'indépendance de la Republika Srpska.
S'étendant le long de la frontière avec la Serbie à l'est pour se poursuivre dans le nord de la Bosnie, la Republika Srpska est peuplée d'environ 1,3 million d'habitants, essentiellement des Serbes.