La France frappée par un attentat lors de sa Fête nationale, au moins 77 morts

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Au moins 77 personnes ont été tuées dans un attentat à Nice, dans le sud-est de la France, lorsqu'un camion a foncé sur la foule qui assistait jeudi soir à un feu d'artifice pour la Fête nationale.

Huit mois après les attaques jihadistes de novembre à Paris, qui avaient fait 130 morts, la France a replongé dans l'horreur avec des scènes effroyables sur la Promenade des Anglais, haut lieu touristique près de la Méditerranée.

Alors que le feu d'artifice touchait à sa fin, un camion blanc a foncé à pleine vitesse dans la foule, qui rassemblait des milliers de personnes dont de nombreux étrangers, et roulé sur près de deux kilomètres, selon la justice française. 

Le conducteur a été abattu par la police. Dans son véhicule, "des armes lourdes" ont été retrouvées, selon le président de la région niçoise, Christian Estrosi, qui se trouvait sur les lieux.

Autour, "c'était le chaos absolu", "des gens hurlaient", a décrit un journaliste de l'AFP, Robert Holloway, qui assistait aux festivités du 14 juillet dans cette ville de la Côte d'Azur.

"Nous avons vu des gens touchés et des débris voler partout", a-t-il encore raconté, ajoutant qu'il avait très vite compris, "qu'un camion de cette taille avec une trajectoire en ligne droite" ne pouvait être qu'un "acte totalement délibéré".

Une heure après l'attaque, qui n'a pas été revendiquée, les autorités locales ont évoqué un attentat et la section antiterroriste du parquet de Paris s'est saisie de l'enquête. "La piste terroriste est privilégiée", a déclaré à l'AFP une source proche de l'enquête.

 

- Des corps sous des draps -

 

Les autorités ont appelé la population à rester chez elle. "Des investigations sont menées à l'heure actuelle pour savoir si l'individu a agi seul ou s'il a bénéficié de complices qui auraient pris la fuite, raison pour laquelle il est préférable que les gens restent chez eux", a expliqué le porte-parole du ministère de l'Intérieur, Pierre-Henri Brandet.

Un important dispositif de sécurité a été délimité dans le centre de Nice, où de nombreuses ambulances, des membres des forces de l'ordre et des militaires se sont déployés.

Des corps jonchaient le sol, souvent recouverts d'un simple drap. Des personnes en larmes restaient parfois hébétées à leur côté sur une chaussée couverte de sang.

En déplacement hors de Paris, le président François Hollande est rentré dans la capitale et rendu directement à la cellule de crise activée au ministère de l'Intérieur. 

Il s'exprimera à la télévision vers 01H30 GMT et réunira vendredi matin tous les patrons des services de sécurité du pays pour un conseil restreint de sécurité et de défense.

Une cellule d'aide aux victimes a été ouverte au ministère des Affaires étrangères avec un numéro d'urgence pour les proches (+33.1.43.17.56.46).

Le président américain Barack Obama a fermement condamné jeudi soir "ce qui semble être une horrible attaque terroriste". "Nous sommes solidaires de la France, notre plus vieil allié, au moment où elle fait face à cette attaque", a-t-il ajouté dans un communiqué. 

De même la nouvelle Première ministre britannique Theresa May a été informée du "terrible incident" à Nice, selon Downing Street qui se tient prêt à "aider tous les citoyens britanniques et à soutenir" les Français.

 

- 'Grande confusion' -

 

Frappée deux fois l'an dernier par des attentats jihadistes sans précédent (17 morts les 7, 8 et 9 janvier et 130 morts le 13 novembre), la France vivait depuis dans la crainte de nouvelles attaques en dépit d'un dispositif sécuritaire drastiquement renforcé.

Le groupe Etat islamique (EI), qui perd du terrain en Irak et en Syrie où il a proclamé un califat en 2014, a menacé régulièrement la France de représailles pour sa participation à la coalition militaire internationale dans ces deux pays.

Depuis plus d'un an, plusieurs projets d'attentat ont été déjoués mais de nouvelles attaques étaient notamment craintes à l'occasion de l'Euro de football, qui s'est terminé dimanche sans incident.

La nouvelle attaque survient à deux semaines de la fin de l'état d'urgence, un régime d'exception permettant notamment des assignations à résidence, entré en vigueur dans la foulée des attentats de novembre 2015.

A Nice, tous les spectateurs n'ont pas immédiatement compris ce qui se passait. "Il régnait une grande confusion", a témoigné sur l'Australian Broadcasting Corporation Emily Watkins, une Australienne présente à quelques dizaines de mètres du camion au moment de l'attaque.

"Les gens couraient vers nous et sans vraiment savoir ce qu'il se passait, on s'est retournés et on s'est mis à courir aussi", a-t-elle poursuivi. "Les gens trébuchaient, essayaient de rentrer dans le hôtels, les restaurants, les parkings, partout où ils pouvaient éviter d'être dans la rue".

Quelques heures après l'attaque, le semi-remorque blanc était immobilisé, les pneus crevés, la porte passager criblée d'impacts de balles, a constaté un correspondant de l'AFP.

De multiples rumeurs, notamment sur des prises d'otages, couraient les rues de la ville, malgré un démenti officiel. Et des mouvements de panique se sont répétés.