HRW accuse la police pakistanaise de tortures et meurtres

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L'organisation de défense des droits de l'Homme Human Rights Watch (HRW) a accusé lundi la police pakistanaise d'arrêter arbitrairement, torturer et exécuter régulièrement des citoyens, et appelé le gouvernement à réformer urgemment ses forces de sécurité indigentes.

HRW a dénoncé ces méthodes dans un rapport publié lundi sur les violences policières, basé sur des entretiens avec plus de 30 officiers de police et 50 victimes ou témoins de violences.

Ce document met en évidence des violations routinières des droits de l'Homme, y compris le meurtre de plus de 2.000 suspects en 2015 lors de "heurts" -- dont la plupart sont considérés comme orchestrés par la police.

Il souligne aussi la façon dont la police se retrouve otage des puissants et des riches.

"Le Pakistan fait face à de très importants défis sécuritaires, exigeant une police qui respecte les droits et réponde de ses actes", a souligné Brad Adams, responsable de HRW pour l'Asie. 

"Au lieu de cela, le maintien de l'ordre a été confié à une police pleine d'officiers insatisfaits, corrompus et fatigués, qui violent les droits en toute impunité, ce qui augmente l'insécurité au lieu de la réduire".

Les meurtres extra-judiciaires ont grimpé en flèche à Karachi, capitale économique du pays où la police et d'autres forces civiles liées à l'armée ont depuis 2013 intensifié leurs opérations contre les groupes talibans, mafieux et militants politiques armés.

Ces meurtres interviennent sous couverture d'affrontements mis en scène, au cours desquels la police ou l'armée tue un suspect en affirmant avoir agi en légitime défense.

Selon le rapport de HRW, les groupes les plus marginalisés -- réfugiés, pauvres, minorités religieuses -- sont davantage susceptibles d'être victimes de violences policières.

"Les suspects torturés sont parfois battus, notamment à coups de matraques ou de lanières en cuir, leurs jambes distendues ou écrasées à l'aide d'outils en métal", détaille HRW, citant aussi des cas de "violences sexuelles, privations prolongées de sommeil, torture mentale". 

Des cadres de la police ont expliqué à HRW que "la menace ou le recours à la force physique sont fréquemment employés car la police n'est pas formée à mener des enquêtes professionnelles et des analyses médico-légales, et se contente donc de forcer illégalement les interpellés à lui livrer aveux ou informations."

En revanche, les responsables politiques parviennent à entraver les enquêtes visant des suspects ayant un appui politique, et à harceler ou faire mettre en accusation leurs adversaires, selon les conclusions de l'organisation.

La police pakistanaise, outre son rôle de premier plan dans la lutte contre le terrorisme islamiste local, doit faire face à une importante criminalité organisée, dont les enlèvements pour rançon ou le trafic de drogue.