Soudan du Sud: une radio populaire de Juba fermée par les autorités

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Une chaîne de radio populaire auprès des Sud-soudanais a été fermée vendredi par le gouvernement, a annoncé la direction de ce média financé par les Etats-Unis et qui soupçonne les autorités de sanctionner Eye Radio pour la diffusion jeudi d'une interview avec un responsable de la rébellion.

"La direction de Eye Radio souhaite informer le public qu'elle a été fermée cet après-midi par les autorités", a indiqué Eye Radio dans un communiqué, précisant être en contact avec les autorités en vue de "résoudre cette question".

Aucune raison n'a été fournie par les autorités pour justifier la fermeture de la radio, mais des responsables de la radio, souhaitant garder l'anonymat, soupçonnent que la décision est une conséquence de la diffusion jeudi d'une interview avec un responsable de la rébellion menée par l'ancien vice-président Riek Machar.

Lors des mois précédents, le gouvernement avait averti la radio qu'il ne souhaitait plus qu'elle diffuse des interviews avec des membres de la rébellion.

En visite à Juba, le conseiller spécial de l'ONU sur la prévention du génocide, Adama Dieng, a appelé le gouvernement à rouvrir au plus vite la radio. "Elle promeut la paix, le gouvernement devrait plutôt les encourager, les féliciter, et les montrer en exemple".

Eye Radio n'est pas le premier média sud-soudanais fermé par les autorités. Le 13 septembre, le principal journal en langue anglaise du pays l'avait été également, après que le quotidien eut consacré sa première page à un rapport américain accusant l'élite politique et militaire du pays de s'être enrichie en profitant de la guerre civile.

Alfred Taban, président de l'Association pour le développement des médias au Soudan du Sud, a condamné ce geste des autorités.

Journaliste respecté, M. Taban avait lui-même été détenu au secret pendant 13 jours en juillet après la publication d'un éditorial au vitriol dénonçant l'échec complet des deux têtes de l'exécutif sud-soudanais, le président Salva Kiir et Riek Machar.

Le Soudan du Sud, indépendant depuis 2011, est le théâtre depuis décembre 2013 d'une guerre ayant fait des dizaines de milliers de morts et marquée par des atrocités, dont des massacres à caractère ethnique.