Crise politique en RDC: toujours l'impasse dans l'ultime round de négociations

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Les discussions entre pouvoir et opposition pour tenter de trouver une issue à la crise politique en République démocratique du Congo restaient dans l'impasse samedi, considérée comme l'ultime journée de négociations avant la fin du mandat du président Joseph Kabila.

Cette prolongation des discussions, décidée vendredi soir après un énième constat d'échec, intervient à trois jours du 20 décembre, échéance du mandat de M. Kabila qui entend rester au pouvoir après le report sine die de la présidentielle prévue cette année.

Mais, comme les jours précédents, les parties prenantes - représentants et soutiens de la majorité au pouvoir, de l'opposition et de la Conférence épiscopale nationale du Congo (Cenco), qui assure un rôle de médiateur - restent confrontées à de profonds désaccords.

"L'impasse est totale", a estimé Mubake Valentin, le chef de délégation de l'Union pour la démocratie et le progrès social (UDPS) de l'opposant historique Etienne Tshisekedi, lors d'une pause en début d'après-midi. 

Le camp du président "veut que M. Kabila reste, mais en même temps ils refusent de donner la contrepartie qu'il ne se représentera pas, ni la date de la tenue de la présidentielle", a-t-il déploré. "S'ils nous donnaient ces garanties, nous sortirions avec un accord", a-t-il dit.

Vital Kamerhe, dirigeant d'une fraction minoritaire de l'opposition qui a signé en octobre avec la majorité présidentielle un accord de partage du pouvoir validant le maintien en fonction de M. Kabila, disait, lui, "constater des avancées". 

"C'est difficile mais on trouvera un consensus", a-t-il assuré.

Entamées le 8 décembre, les négociations devaient initialement s'achever vendredi. Prolongées pour une journée, elles devraient prendre fin samedi: les évêques doivent s'envoler dans la soirée pour un voyage au Vatican prévu de longue date et ne revenir en RDC que mardi soir.

- Crainte d'une 'situation incontrôlable' -

 

Les discussions visent à trouver un compromis sur la mise en place d'une période de transition politique devant mener à la tenue d'une présidentielle pour désigner un successeur à Joseph Kabila, au pouvoir depuis 2001 et à qui la Constitution interdit de se représenter.

Les détracteurs du président l'accusent d'avoir orchestré le report de l'élection et d'envisager de changer la Constitution pour se maintenir au pouvoir.

M. Kabila, 45 ans, ne dévoile rien de ses projets, si ce n'est sa volonté de se maintenir en poste jusqu'à l'élection d'un successeur. 

Deux délégations sont autour de la table.

La première regroupe les signataires de l'accord d'octobre, qui renvoie la présidentielle au plus tôt à avril 2018. L'autre regroupe les opposants à cet accord, essentiellement rassemblés autour d'Étienne Tshisekedi, figure historique de l'opposition congolaise, âgé de 84 ans.

Depuis le début, les deux camps soufflent le chaud et le froid avec des déclarations contradictoires, compliquant ainsi la tâche des évêques qui redoutent une flambée de violences.

La Cenco a exprimé début décembre sa crainte de voir le pays sombrer dans "une situation incontrôlable" si aucune solution politique n'est trouvée avant mardi.

Cette inquiétude est partagée par la communauté internationale. Vendredi, le Département d'État américain a exhorté "le gouvernement et l'opposition à coopérer pleinement et de bonne foi" avec la Cenco, se disant "très inquiet de la possibilité de troubles et de violences".

Les ambassades occidentales en RDC ont renouvelé ces derniers jours leurs conseils de prudence à leurs ressortissants, les incitant à quitter le pays sauf nécessité impérieuse.

La police congolaise a mis en place vendredi des barrages routiers à Kinshasa et des blindés de la Garde républicaine ont été déployés samedi dans le quartier administratif de la capitale, a proximité du palais présidentiel, selon des journalistes de l'AFP.

Les autorités ont également demandé aux opérateurs internet de filtrer ou couper les réseaux sociaux à compter de 23H59 dimanche.

Les 19 et 20 septembre, après l'officialisation du report de la présidentielle, une cinquantaine de personnes avaient trouvé la mort à Kinshasa - mégapole de 10 millions d'habitants - lors d'affrontements entre jeunes et forces de l'ordre en marge d'une manifestation "d'avertissement" au chef de l'État.

La RDC n'a connu aucune alternance démocratique depuis son indépendance de la Belgique en 1960.

État-continent de 70 millions d'habitants, l'ex-Zaïre a été ravagé par deux guerres entre 1996 et 2003. L'immense majorité de la population vit dans la misère et ses conditions de vie ne font qu'empirer avec la crise économique qui frappe le pays depuis 18 mois.