Pékin enjoint les catholiques chinois à former une Eglise "socialiste" et "indépendante"

1 min 41Temps de lecture approximatif

Les catholiques chinois doivent former une Eglise "indépendante" et contribuer activement au "socialisme", a martelé un haut responsable du régime communiste, en dépit du processus de rapprochement en cours entre Pékin et le Vatican.

Les catholiques doivent "mieux s'intégrer dans la société", "combiner le patriotisme à leur ferveur pour l'Eglise", et "s'unir pour contribuer à la construction du socialisme à caractéristiques chinoises", a insisté jeudi Yu Zhengsheng, président du Comité national de la Conférence politique consultative du peuple chinois (CPCPC), selon des propos rapportés par l'agence Chine nouvelle.

L'Eglise chinoise "doit adhérer au principe de l'administration autonome, s'occuper elle-même des affaires religieuses de façon indépendante et pousser les fidèles à adhérer au processus de +sinisation+ de la religion", a-t-il ajouté, lors d'une rencontre avec les responsables du culte officiel, dûment enregistrés par les autorités.

De fait, la douzaine de millions de catholiques chinois est divisée entre une "Association patriotique", dont le clergé est choisi par le Parti communiste, et une Eglise non officielle, dont les évêques nommés par Rome sont tolérés mais pas reconnus par Pékin.

L'Eglise catholique officielle de Chine organisait cette semaine à Pékin sa première réunion depuis six ans. Le Saint-Siège avait dans le passé dénoncé avec virulence les précédentes assemblées de ce type, où des évêques de l'Eglise "souterraine", fidèles au pape, avaient été brutalement forcés de participer.

Les propos de M. Yu, qui interviennent dans le contexte d'une vaste campagne des autorités contre "l'influence" des idées et croyances occidentales, enjoignent ouvertement les catholiques chinois à se distancer du pape François.

Le Vatican et la Chine n'entretiennent plus de relations diplomatiques depuis 1951, mais depuis son élection en 2013, le pape François cherche à se rapprocher du régime chinois, dans l'espoir de rétablir le lien avec les catholiques du pays le plus peuplé du monde.

Pékin, lui, martèle ses conditions --face à un Saint-Siège qui continue de reconnaître le gouvernement de Taïwan, île indépendante de facto mais dont le régime communiste réclame la souveraineté.

La Chine "espère que le Vatican pourra adopter une approche plus flexible et pragmatique afin de créer les conditions favorables à une amélioration de nos relations, au travers d'actions concrètes", a insisté cette semaine Wang Zuo'an, responsable du gouvernement pour les cultes, appelant à "un dialogue constructif" avec Rome.

Des responsables de la Chine et du Vatican se sont rencontrés à au moins quatre reprises depuis janvier pour tenter de s'entendre sur l'épineuse question des nominations d'évêques.