Viols d'humanitaires à Juba: le tribunal refuse les témoignages depuis l'étranger

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Un tribunal militaire sud-soudanais a refusé vendredi que les victimes d'une attaque menée contre un hôtel à Juba en juillet 2016, dont des travailleuses humanitaires étrangères violées, témoignent depuis l'étranger, requérant leur présence dans ce pays en guerre depuis décembre 2013.

Douze soldats sud-soudanais sont poursuivis pour cette attaque, lors de laquelle un journaliste local avait par ailleurs été froidement abattu. En sept journées d'audience depuis le 31 mai, aucune victime n'a encore témoigné.

Les crimes allégués ont été commis le 11 juillet 2016 dans un hôtel situé à un peu plus d'un kilomètre d'une base de l'ONU à Juba, alors que la capitale sud-soudanaise était en proie à de violents combats entre l'armée fidèle au président Salva Kiir et les forces fidèles au rebelle et ancien vice-président Riek Machar.

Le procureur a soumis plusieurs requêtes au tribunal en vue de recueillir le témoignage des victimes depuis l'étranger, proposant notamment l'usage de la vidéoconférence. "Leur présence au Soudan du Sud leur coûtera beaucoup d'argent (hôtel, nourriture, etc.)", a notamment déclaré vendredi le procureur Mayiel Jiek, selon lequel la situation des victimes au Soudan du Sud serait "très difficile".

Mais le président du tribunal Knight Brunney a rétorqué que "les victimes doivent se présenter personnellement devant le tribunal, et le tribunal rejette toutes les requêtes en vue d'entendre les témoignages des victimes en dehors du pays ou par vidéoconférence". "Toutes ces requêtes ne mènent pas le tribunal vers la vérité."

Depuis l'ouverture du procès, l'accusation s'est heurtée à la difficulté de prouver les accusations - viol d'au moins 5 travailleuses humanitaires étrangères, meurtre, pillage, destruction de biens -, notamment en raison de l'absence des victimes. Le nombre initial d'inculpés est passé de 22 à 12 depuis le début de la procédure.

Le certificat de décès du journaliste tué a par ailleurs été déclaré non recevable par le tribunal car le médecin ayant constaté le décès n'a pas été en mesure de présenter aux juges son rapport post-mortem.

L'attaque contre cet hôtel, documentée par l'ONU et l'ONG Human Rights Watch, est un des nombreux exemples d'atrocités commises depuis le début du conflit et a été citée en exemple dans plusieurs rapports pour illustrer l'incapacité des Casques bleus à protéger les civils dans ce pays.

Deux ans et demi après son indépendance, le Soudan du Sud a plongé en décembre 2013 dans une guerre civile qui a fait des dizaines de milliers de morts et plus de 3,5 millions de déplacés.