Pakistan: 18 arrestations après un viol ordonné par un conseil de village

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La police pakistanaise a annoncé jeudi avoir arrêté au total 18 personnes soupçonnées d'être impliquées dans le viol d'une adolescente en punition d'un premier viol commis par son frère. 

Quatorze personnes ont été interpellées mercredi. Quatre nouvelles arrestations ont eu lieu, dont celle de l'homme soupçonné d'avoir commis le "viol de revanche".

Les faits se sont produits dans une périphérie de la ville de Multan (centre), selon les enquêteurs. "Une jirga (conseil de village) a ordonné le viol d'une jeune fille de 16 ans comme punition pour un viol commis par son frère sur une enfant de 12 ans", a indiqué Allah Baksh, un responsable de la police locale. 

Selon ce dernier, le conseil a été saisi par un homme se plaignant du viol de sa soeur par leur cousin. Le conseil lui a ordonné en retour de procéder au viol de la soeur de l'accusé, ce qu'il a fait, a expliqué M. Baksh. 

"Que pouvions-nous faire, dans notre village les disputes se règlent comme ça", a expliqué à l'AFP Muhammad Bilal, 25 ans, membre de la famille de l'adolescente. 

Les deux jeunes filles victimes de viol se trouvent maintenant dans un centre réservé aux femmes et doivent rencontrer le chef de la province Shahbaz Sharif, plus tard dans la journée. 

La cour suprême du Pakistan a ouvert une enquête. 

Les jirgas, assemblées de responsables tribaux, sont illégales mais persistent au Pakistan, pays conservateur de 200 millions d'habitants. Elles règlent les contentieux dans les zones rurales, où l'accès à la justice est difficile. 

Une jirga avait été impliquée en 2002 dans l'un des plus importants viols en réunion sur une femme, ordonnant l'agression de Mukhtar Mai après que son frère eut été accusé à tort de viol. 

La victime avait pris la décision de confronter ses agresseurs et de les poursuivre en justice. Une initiative assez rare dans une société pakistanaise dominée par les hommes, où une femme victime d'un tel acte opte souvent pour le suicide plutôt que de subir la stigmatisation et la honte qu'il suscite.

Son histoire a inspiré un opéra américain, "Thumbprint", dont la première mondiale a eu lieu à New York en 2014.