L'armée vénézuélienne, un puissant acteur politique et économique

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La puissante armée vénézuélienne, principal pilier du pouvoir du président socialiste Nicolas Maduro, a un rôle clé dans la crise politique que traverse actuellement le pays. 

Dimanche, M. Maduro a affirmé qu'elle a repoussé une "attaque terroriste" contre une base militaire située à Valencia, à l'ouest de Caracas, au cours de laquelle, selon lui, deux assaillants ont été tués et huit capturés.

La Force armée nationale bolivarienne (FANB) joue également un rôle essentiel dans les secteurs économiques stratégiques du pays, notamment pétrolier. 

Dotée d'un armement russe et chinois, elle se déclare "chaviste, nationaliste et anti-impérialiste", ses dirigeants ayant juré "loyauté absolue et inconditionnelle" à Nicolas Maduro. 

 

- Un pouvoir armé -

La FANB compte un effectif d'environ 365.000 hommes (appartenant aux forces terrestres, navales, aériennes, à la garde nationale et à l'armée de réserve). Cela représente un millier de militaires en moins que son voisin le Brésil, selon le réseau latino-américain de Défense, un centre d'analyse composé d'experts de la région. 

A titre de comparaison, le Brésil compte 210 millions d'habitants et le Venezuela 30 millions.

En 2006, les Etats-Unis avaient interdit la vente et le transfert d'armements et de technologie militaire nord-américains vers le Venezuela, ce qui a poussé le président de l'époque Hugo Chavez (1999-2013) à faire appel à de nouveaux "alliés stratégiques": la Russie et la Chine.

La Russie a ainsi fourni au Venezuela des fusils, des lance-roquettes anti-chars, des blindés, des systèmes de défense anti-aériens et des avions de combat, des hélicoptères ainsi que des missiles, selon l'ONG Contrôle citoyen, qui suit l'activité militaire.  
La Chine a pour sa part livré des équipements de communication, des tenues militaires, des radars, des véhicules blindés, des avions et  des hélicoptères. 

 

- Un pouvoir politique -

Sur un total de 32 ministres au sein du gouvernement Maduro, douze sont des militaires, parmi lesquels dix sont toujours en activité et deux à la retraite. 

C'est le général Vladimir Padrino Lopez, ministre de la Défense, qui se trouve à la tête de l'armée. Le général Remigio Ceballos est le commandant de la stratégie opérationnelle. 

M. Padrino Lopez est comme "un super ministre", auquel les autres membres du cabinet doivent rendre des comptes, avait déclaré M. Maduro l'an dernier. 

Parmi les postes cruciaux détenus par des militaires se trouvent les ministères les plus importants dont ceux de la Présidence, de l'Intérieur et de la Justice, de l'Alimentation, de l'Agriculture, de la Pêche, de l'Habitat, de l'Electricité ainsi que des Travaux publics. 

L'opposition rend responsable le colonel Rodolfo Marco Torres, ministre de l'Alimentation, de la pénurie de produits alimentaires qui affecte durement le pays. 

Le ministre de l'Habitat, le général Manuel Quevedo, pilote l'un des programmes clés du gouvernement Maduro: la livraison de 1,7 millions d'appartements subventionnés. 

L'opposition critique la large participation des militaires au sein du gouvernement et leur "politisation". "La pire erreur de (Hugo) Chavez a été de sortir les militaires de leurs casernes. Qui va les y renvoyer?", avait déclaré l'an dernier Henry Ramos Allup, vétéran de la politique et ex-président du Parlement.

 

- Un pouvoir économique -

Une chaîne de télévision, une banque, une usine d'assemblage de voitures et un groupe de construction font partie des entreprises contrôlées par les militaires vénézuéliens. A cette liste s'ajoute la Compagnie anonyme militaire des industries minière, pétrolière et gazière (Camimpeg) créée en 2016.

Cette compagnie a les mêmes fonctions que l'entreprise publique Pdvsa (Petroleos de Venezuela): réhabiliter et entretenir les puits, vendre et distribuer des produits dans les domaines des mines, du pétrole et de la pétrochimie et du gaz. 

Camimpeg est au coeur du "moteur industriel militaire", selon Maduro, qui a pour objectif d'affronter ce qu'il considère comme une "guerre économique" menée par l'opposition et des entrepreneurs afin de, estime-t-il, déstabiliser son gouvernement.