Pérou : c'est à "l'histoire" de juger, dit Fujimori à bientôt 80 ans

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L'ancien président péruvien Alberto Fujimori, gracié alors qu'il purgeait une peine pour crimes contre l'humanité, a estimé à la veille de ses 80 ans que ce se serait à "l'histoire" de juger son action, dans un courrier adressé mercredi à l'AFP.

"J'arrive à 80 ans avec toutes les marques du temps, les soubresauts de la vie politique, d'énormes satisfactions et de profondes tristesses", écrit celui qui soufflera ses bougies samedi.

Alberto Fujimori, qui a dirigé le Pérou d'une main de fer de 1990 à 2000, purgeait une peine de 25 ans de prison pour crime contre l'humanité et corruption lorsqu'il a été gracié le 24 décembre pour raisons de santé. Il avait été reconnu coupable d'avoir commandité deux massacres perpétrés par un escadron de la mort en 1991-1992.

Cette libération anticipée au bout de 12 ans a déclenché une crise politique et de vives protestations d'organisations de défense des droits de l'homme et des victimes de la répression du régime Fujimori.

Mi-juin, la Cour interaméricaine des Droits de l'homme a épinglé le Pérou pour cette grâce.

"Après 1990, ma vie a adopté un rythme vertigineux car je me suis engagé à sauver le Pérou du désastre dont j'avais hérité : chaos, terrorisme et catastrophe économique. Je connais ce pays, car, depuis ma jeunesse, je parcours ses territoires, je sais donc combien il possède d'énormes richesses matérielles mais aussi d'inestimables capacités humaines", poursuit l'ex-président.

"Une nation comme la nôtre aura beau connaître des hauts et des bas, elle arrivera finalement à son destin, qui est celui d'être un pays leader en Amérique latine. Je ne verrai probablement pas cet objectif se concrétiser complètement, mais peu importe. Je suis convaincu d'avoir posé les bases pour y arriver", ajoute-t-il.

"Le peu d'années qu'il me reste, je me consacrerai à trois objectifs : unir ma famille, améliorer mon état de santé et faire un bilan équilibré de ma vie. L'histoire jugera mes réussites et mes erreurs", conclut l'ancien chef d'Etat.

Deux des enfants d'Alberto, Keiko et Kenji, ouvertement rivaux, se disputent son héritage politique.