Yémen: l'ONU prolonge l'enquête sur les crimes de guerre malgré l'opposition saoudienne

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Le Conseil des droits de l'homme de l'ONU a adopté vendredi une résolution permettant de prolonger d'un an l'enquête sur les allégations de crimes de guerre au Yémen, malgré l'opposition de l'Arabie saoudite.

Ryad conduit depuis mars 2015 une coalition militaire intervenue au Yémen pour aider le gouvernement contre les rebelles Houthis qui s'étaient emparés de vastes pans du territoire.

La résolution, proposée par la Belgique, le Canada, l'Irlande, le Luxembourg ainsi que les Pays-Bas et soutenue par l'Union européenne, a été adoptée par 21 voix sur les 47 Etats siégeant actuellement au Conseil. Huit pays ont voté contre et 18 autres se sont abstenus.

Une autre résolution sur le Yémen, déposé par la Tunisie au nom du Groupe des pays arabes, a également été adoptée vendredi, sans vote. Cette résolution ne mentionne pas le groupe d'experts onusiens mais demande que la Commission nationale d'enquête du Yémen, souvent critiquée, continue de se pencher sur le conflit.

Dans leur rapport publié fin août, et allant de septembre 2014, date du début des hostilités au Yémen, jusqu'à juin 2018, les experts ont conclu que toutes les parties prenantes au conflit au Yémen ont potentiellement commis des "crimes de guerre".

Le groupe d'experts, présidé par le Tunisien Kamel Jendoubi, a toutefois relevé que les frappes de la coalition menée par l'Arabie Saoudite "ont causé le plus de victimes civiles directes", touchant des "zones résidentielles", des "marchés", et "même des installations médicales".

Ce groupe d'experts a été créé il y a un an par le Conseil, grâce au soutien des pays arabes.

Mais l'Arabie saoudite et ses alliés ont cette fois refusé de soutenir la résolution et demandé que le texte soit soumis au vote.

"Beaucoup d'efforts" ont été faits "pour parvenir à un consensus, cependant (...) le projet de résolution n'a pas reflété nos préoccupations légitimes", a déclaré l'ambassadeur saoudien auprès de l'ONU, Abdulaziz Alwasil.

Il a également estimé que le rapport des experts "n'était pas équilibré".

Le ministre yéménite des Droits de l'homme, Mohamed Asker, a rejeté la résolution en jugeant "qu'elle répond à la volonté des pays de politiser la situation" dans son pays.

Depuis mars 2015, le conflit au Yémen a fait plus de 10.000 morts et provoqué la pire crise humanitaire du monde, selon les Nations unies.

"Compte tenu (...) de la gravité de la situation au Yémen, le Royaume-Uni estime qu'il est important de donner au groupe d'experts plus de temps pour examiner pleinement le conflit et garantir que leurs conclusions reflètent fidèlement les comportements de toutes les parties", a déclaré l'ambassadeur britannique auprès de l'ONU, Julian Braithwaite.

"Il est clair que dans de nombreux cas, les violations présumées commises par toutes les parties n'ont pas encore été pleinement documentées, en particulier celles commises par les Houthis", a-t-il ajouté, devant le Conseil.