Côte d'Ivoire: manifestations contre la libération de Laurent Gbagbo dans le Nord

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Des manifestations contre la libération de l'ex-président Laurent Gbagbo se sont déroulées jeudi dans deux grandes villes du Nord de la Côte d'Ivoire, traditionnellement favorable à son rival Alassane Ouattara, selon des correspondants de l'AFP.

Une centaine de personnes se présentant comme des victimes de la crise postélectorale ivoirienne de 2010-2011 ont paralysé la circulation dans le centre de Korhogo, la grande ville du Nord, pour protester contre la décision d'acquittement et de libération de M. Gbagbo et de son coaccusé Charles Blé Goudé par la Cour pénale internationale (CPI).

Encadrés par la police, ils brandissaient des pancartes sur lesquelles on pouvait lire "Si la CPI libère Laurent Gbagbo la guerre va reprendre en Côte d'Ivoire".

"Le peuple senoufo ne veut pas la guerre mais si on libère Laurent Gbagbo nous sommes prêts pour la guerre", a déclaré à l'AFP un manifestant, Kanigui Soro.

A Bouaké, deuxième ville ivoirienne avec un million d'habitants, et qui fut le siège de la rébellion contre la présidence Gbagbo entre 2002 et 2011, une centaine de manifestants ont paralysé pendant deux heures la circulation en brûlant des pneus sur un rond-point central, en colère contre "l'impunité".

"On nous dit qu'il (Laurent Gbagbo) est innocent. Et les 3.000 morts, qu'on nous dise qui en est l'auteur!", a déclaré à l'AFP Adama Koné, un étudiant.

"Si la CPI veut la paix en Côte d'Ivoire, alors qu'elle garde Laurent Gbagbo là-bas", a lancé un apprenti chauffeur, Drissa Coulibaly.

"Tout le monde sait que c'est Charles Blé Goudé qui donnait des instructions aux Jeunes patriotes, pourquoi nous dit-on qu'il est innocent?" s'est interrogé une étudiante, Amoin Konan.

Mercredi, une manifestation de personnes se présentant comme des victimes avait perturbé la circulation à Abobo, une grande commune populaire d'Abidjan, également réputée pro-Ouattara.

Laurent Gbagbo et Charles Blé Goudé, ex-chef du mouvement des Jeunes patriotes, ont été acquittés mardi par la CPI. Ils comparaissaient pour quatre chefs de crimes contre l'humanité: meurtres, viols, persécutions et autres actes inhumains, pour lesquels ils ont toujours plaidé non coupable.

La CPI a suspendu mercredi soir leur remise en liberté, après un nouvel appel déposé par le procureur.

La crise postélectorale ivoirienne de 2010-11, qui a fait 3.000 morts, était née de la contestation du résultat de l'élection présidentielle, M. Gbagbo refusant de reconnaître sa défaite face à Alassane Ouattara.