Kosovo: une vice-ministre serbe limogée pour avoir critiqué l'Otan

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Une membre de la minorité serbe du Kosovo a été démise lundi de ses fonctions de vice-ministre pour avoir qualifié les frappes de l'Otan il y a vingt ans, de "génocide contre le peuple serbe".

La position "de la vice-ministre de la Justice Vesna Mikic, selon qui les bombardements de l'Otan étaient un génocide contre le peuple serbe, est inacceptable et relève d'un langage de haine", a expliqué le Premier ministre Ramush Haradinaj sur son compte Facebook.

A l'instar de Belgrade, la minorité serbe du Kosovo ne reconnaît pas l'indépendance de celui-ci. Mais la constitution du Kosovo prévoit qu'elle est représentée dans le gouvernement à Pristina.

La campagne de bombardements de l'Otan, qui avait débuté le 24 mars 1999 sans mandat de l'ONU pour durer onze semaines, avait forcé Belgrade à retirer ses troupes de sa province méridionale où elle était engagée dans un conflit contre une guérilla indépendantiste albanaise.

La Serbie de Slobodan Milosevic avait alors irrémédiablement perdu le contrôle du Kosovo, dont elle ne reconnaît pas l'indépendance, proclamée par Pristina en 2008.

De ces frappes, l'Otan retire une forte popularité non démentie parmi les Kosovars albanais, tandis qu'elle reste honnie par une grande majorité des Serbes, en Serbie comme au Kosovo.

Dernier conflit ayant conduit à l'éclatement de la Yougoslavie, la guerre du Kosovo (1998-99) a tué plus de 13.000 personnes, en grande majorité des Kosovars albanais.

"En désignant comme un génocide l'agression (de l'Otan) contre le peuple serbe", Vesna Mikic "n'a fait qu'exprimer l'opinion prédominante" parmi les Serbes, ont réagi les autorités serbes, par un communiqué de leur administration en charge du Kosovo.

Selon Human Rights Watch (HRW), les frappes de l'Otan ont fait quelque 500 morts civils, des Serbes, mais aussi des Kosovars albanais et des Roms. Les autorités serbes évoquent des chiffres cinq à sept fois supérieurs.

En février, Ramush Haradinaj avait déjà remercié un Serbe, Nenad Rikalo, ministre de l'Agriculture, dont le poste reste vacant.

Pristina et Belgrade entretiennent des relations exécrables et leur dialogue de normalisation est au point mort depuis des mois.