Deux députés serbes de nouveau visés par des mandats d'arrêt internationaux

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Un tribunal de l'ONU a annoncé mardi s'être de nouveau saisi de l'affaire concernant deux députés serbes accusés de subornation de témoins dans des procès de l'ultranationaliste Vojislav Seselj, car les témoins "craignent pour leur vie" en Serbie.

Après avoir ordonné en juin 2018 le renvoi à la justice serbe de l'affaire, le Mécanisme pour les tribunaux pénaux internationaux (MTPI), qui siège à La Haye, a émis de nouveaux mandats d'arrêt internationaux à l'encontre des deux accusés.

"Les témoins ne sont pas disposés à divulguer leurs témoignages aux autorités serbes car ils craignent pour leur vie", a déclaré la juge Liu Daqun dans un document officiel, concluant que "les conditions d'un renvoi de cette affaire en Serbie (n'étaient) pas remplies".

La députée du parti radical de Vojislav M. Seselj, Vjerica Radeta, 63 ans, a répété, dans une déclaration écrite adressée à l'AFP, qu'elle ne se rendrait pas à La Haye de son plein gré.

"En ce qui me concerne, rien n'a changé. Je ne m'y rendrai pas volontairement", a-t-elle écrit.

"Je ne pense pas que quiconque au sein du pouvoir serait prêt à nous transférer (elle et l'autre député Petar Jojic, ndlr) en violation de la Constitution mais cela reste néanmoins une question à adresser au pouvoir", a-t-elle ajouté.

Le TPIY, dont les dossiers ont été repris par le MTPI, cherchait depuis janvier 2015 à arrêter ces deux députés également membres de l'équipe de défense de M. Seselj.

Vojislav Seselj, acquitté en première instance en 2016, a été reconnu coupable en appel en avril 2018 de crimes contre l'humanité pendant les conflits dans les Balkans dans les années 90.

Ce partisan virulent de la "Grande Serbie", député et fondateur du parti d'extrême droite SRS, a été condamné à dix ans de prison, peine couverte par la détention déjà effectuée.

Petar Jojic et Vjerica Radeta ont été inculpés fin 2014 d'"outrage au tribunal" international "sous le soupçon d'avoir menacé, intimidé, cherché à corrompre" des témoins ou "interféré d'autres manières" avec ces derniers.

En mars 2018, la Serbie s'était dite préparée à entamer des procédures pénales à l'encontre des deux accusés.

Les procureurs s'étaient opposés à un renvoi, affirmant déjà que ce procès "causerait une véritable peur aux témoins de l'accusation".

Le MTPI a pris en considération de nouvelles déclarations de l'accusation, selon laquelle "les témoins sont conscients que les preuves qu'ils peuvent apporter concernent de puissantes personnalités politiques en Serbie, proches des autorités".

"Les témoins sont +catégoriquement réticents+ à témoigner en Serbie en raison de craintes pour leur sécurité et celle des membres de leur famille, y compris la peur d'être tués", est-il écrit dans le document de la juge Daqun.