Libye: l'offensive de Khalifa Haftar sur Tripoli

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Le maréchal Khalifa Haftar, homme fort de l'Est libyen, a lancé le 4 avril avec son autoproclamée Armée nationale libyenne (ANL) une offensive pour conquérir la capitale Tripoli, dans l'ouest de la Libye.

Au moins 44 migrants ont été tués dans la nuit de mercredi dans un raid contre un centre de détention près de Tripoli, attribué par le Gouvernement d'union nationale (GNA) basé à Tripoli aux forces de Haftar, qui nient.

Depuis le 4 avril, les combats ont fait plus de 700 morts et 4.000 blessés ainsi que près de 100.000 déplacés, selon l'ONU.

- Haftar ordonne l'assaut -

Le 4 avril, Khalifa Haftar demande à ses forces d'"avancer" vers Tripoli, promettant d'épargner les civils, les "institutions de l'Etat" et les étrangers.

La veille, le général Ahmad al-Mesmari, porte-parole de l'ANL, avait fait état de la préparation d'une offensive visant à "purger" l'ouest du pays "des terroristes".

Fayez al-Sarraj, chef du GNA, reconnu par l'ONU, ordonne aux forces qui le soutiennent de se tenir prêtes. Les pro-Haftar progressent vers la capitale.

Le lendemain, les forces de l'ANL sont repoussées après s'être emparées brièvement de l'aéroport international de Tripoli, inutilisé depuis sa destruction en 2014 par des combats.

- Premiers raids -

Le 7, l'ANL annonce avoir mené son premier raid dans la banlieue sud de Tripoli. Les forces loyales au GNA avaient mené leur première frappe la veille.

Le porte-parole des forces du GNA proclame le début d'une contre-offensive nommée "Volcan de la colère".

La Russie bloque l'adoption d'une déclaration du Conseil de sécurité de l'ONU qui aurait appelé les forces de Haftar à arrêter leur avancée, souhaitant que le texte s'adresse à toutes les parties.

Le 8, l'ANL revendique un raid aérien contre l'aéroport de Mitiga (banlieue est de Tripoli), le seul fonctionnel de la capitale. Elle accuse le GNA de s'"allier avec des milices islamistes".

Le 18, l'émissaire de l'ONU Ghassan Salamé met en garde contre un "embrasement généralisé".

- Soutien américain -

Le 19, la Maison Blanche révèle que Donald Trump s'est entretenu avec Haftar et a reconnu son "rôle significatif (...) dans la lutte contre le terrorisme et la sécurisation des ressources pétrolières de Libye".

Le lendemain, les combats redoublent de violence après une contre-attaque des forces du GNA qui gagnent du terrain, notamment dans la banlieue sud de Tripoli.

- La France accusée de soutenir Haftar -

Le 24, Fayez al-Sarraj accuse la France de soutenir le maréchal Haftar.

Le ministre de l'Intérieur du GNA avait déjà accusé Paris de le soutenir et Paris avait réfuté des accusations "complètement infondées".

- Implication militaire -

Le 7 mai, selon un document remis au Conseil de sécurité, des experts de l'ONU enquêtent sur une possible implication militaire des Émirats arabes unis, après des tirs de missiles en avril avec des drones de fabrication chinoise équipant l'armée émiratie.

Le 18, les forces du GNA annoncent avoir reçu des dizaines de blindés pour repousser les troupes de Haftar.

Celui-ci est accusé de recevoir un soutien militaire des Emirats et de l'Egypte. Il accuse à son tour la Turquie et le Qatar de fournir des armes à ses rivaux.

- Revers pour Haftar -

Le 26 juin, les forces loyales au GNA portent un coup dur aux troupes de Haftar en s'emparant de la ville de Gharyan, leur principale base arrière, à une centaine de kilomètres au sud-ouest de Tripoli.

Le 28, Haftar ordonne à ses forces de prendre pour cible les navires et intérêts turcs, d'interdire les vols depuis et vers la Turquie et d'arrêter les ressortissants turcs en Libye. Il accuse la Turquie d'avoir aidé les forces du GNA à s'emparer de Gharyan.

Le 30 juin, Ankara accuse des forces proches de Haftar de détenir six Turcs, qui seront relâchés le lendemain. Les forces de Haftar disent avoir détruit un drone turc à Tripoli.

- Carnage -

Le 2 juillet, au moins 44 migrants sont tués et une centaine blessés dans un raid contre un centre de détention à Tajoura, près de Tripoli.

Le GNA attribue l'attaque aux forces pro-Haftar qui démentent.

Le secrétaire général de l'ONU Antonio Guterres "demande une enquête indépendante". Ghassan Salamé dénonce un possible "crime de guerre". Réunion en urgence du Conseil de sécurité.